Annales des Mines (1890, série 8, volume 18) [Image 368]

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686 L'INDUSTRIE MÉTALLURGIQUE DANS SES RAPPORTS

marche par la machine elle-même est appliqué dans la magnifique installation du Creusot. Le point de départ de la fabrication de la plaque en acier est, comme toujours, un lingot de formes et de di. mensions appropriées. Pour la plaque en fer ou pour le sommier de la plaque mixte, on emploie, comme nous l'avons déjà dit, des fers au bois de la meilleure qualité. Les fers bruts doivent avoir une texture mi-nerveuse et une grande résistance ; soigneusement choisis d'après leur cassure, puis relaminés une fois et même deux fois, suivant le cas, ils sont enfin transformés en fer à cheneaux servant au paquetage. Ces fers tirent leur noni

de leur section en Y à double ou triple

inflexion,

permettant une sorte d'agrafement des mises qui en augmente la cohésion. Les premiers paquets faits directement avec le fer à cheneaux sont laminés à faible épaisseur et forment à leur tour les mises qui servent à envelopper

le paquet définitif d'où le blindage sortira. Celui-ci est enfin porté dans un énorme four ; les heures de chauffage pour les paquets ordinaires sont ici des journées entières. De puissantes grues à pivot ou roulantes appor-

tent le paquet du foui sur les rouleaux du laminoir où la force hydraulique intervient pour le manoeuvrer. Tout, en un mot, concourt pour faire du laminage d'une grosse

plaque de blindage, une de ces imposantes opérations qui, dans l'ordre mécanique, font dignement le pendant de la coulée d'un gros lingot. La préparation de la plaque Compound est celle qui donne lieu aux manutentions les plus compliquées. Le sommier, une fois laminé par les procédés que nous venons d'indiquer et possédant lui-même une épaisseur notablement supérieure à celle de la plaque mixte finie, est porté à la température du blanc soudant, puis par une série de manoeuvres qui ne durent qu'une ou deux minutes, on le dresse debout dans une lingotière en

AVEC LES CONSTRUCTIONS NAVALES.

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fonte, dans laquelle on a ménagé un Vide entre le sommier et l'une des faces verticales intérieures de la lingotière elle-même. On coule immédiatement dans ce vide,

qui représente environ le tiers de l'épaisseur du sommier, l'acier fondu qui se soude au fer, et aussitôt après la solidification de l'acier, on fait repasser le tout au laminou', jusqu'à ce que la plaque ainsi constituée ait l'épaisseur voulue ; tels sont les procédés employés à l'usine de Saint-Chamond, d'après les renseignements fournis par ses notices, et nous croyons pouvoir avancer que le mode de travail employé par les usines concurrentes n'en diffèrent pas sensiblement.

On a dit plus haut que le blindage en fer est un des rares produits métallurgiques pour lesquels d'emploi de la fonte au bois se recommande particulièrement. La Société des aciéries de la marine et des chemins de fer indiquait dans sa notice, pour une fonte fine au bois, grise et truitée, la composition suivante : Carbone Silicium. Manganèse Soufre. Phosphore

3,650 0,932 1,420 0,015 0,070

On trouvait, il est vrai, en regard de cette analyse celle d'une fonte au coke épurée par un procédé breveté de l'usine donnant les résultats suivants Carbone. Silicium. Manganèse Soufre Phosphore

3,400 0,800 1,300 0,001 0,070

La fonte au coke épurée se montre donc encore plus pure que la fonte grise au bois. La possibilité d'arriver avec des fontes au coke à des produits d'une qualité absolument