Annales des Mines (1890, série 8, volume 18) [Image 367]

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684 L'INDUSTRIE MÉTALLURGIQUE DANS SES RAPPORTS

et le blindage, qui a atteint aujourd'hui pour les derniers cuirassés d'escadre une épaisseur de 55 centimètres. Le

poids total de la cuirasse a été naturellement en augmentant avec l'augmentation d'épaisseur de ses éléments constituants. Pour l'Amiral Baudin, dont le déplacement

total est de 11.400 tonneaux et qui est, à ce titre, le

plus fort bâtiment de la marine française, le poids de la cuirasse est de 3.942 tonnes, soit plus d'un tiers du déplacement du navire. En même temps qu'on cherchait à défendre les flancs cuirassés par des ceintures de plus en plus massives, on reconnaissait également la nécessité de mettre les ponts à l'abri des projectiles pouvant les atteindre obliquement. Les plaques fabriquées à cet effet sont spécialement désignées sous le nom de plaques de pont. Colles-ci

ne sauraient avoir, on le comprendra sans peine, des épaisseurs comparables à celles des plaques de ceinture, -et on leur donne rarement plus de 10 centimètres. Le métal qui les fournit doit donc posséder des qualités de résistance toutes spéciales pour rendre les services qu'on croit devoir lui demander. Au lieu d'être, comme autrefois, placées sur le pont

ou dans les batteries, les pièces de gros calibres sont renfermées aujourd'hui dans des tourelles ouvertes ou fermées, mais qui sont également cuirassées. L'épaisseur des plaques des tourelles qui, eu égard à leur forme cintrée, présentent des difficultés spéciales d'exécution, atteint 40 centimètres pour l'Amiral Baudin et 35 cen-

timètres seulement pour le Magenta, dont la ceinture n'a, du reste, que 50 centimètres dans sa partie la plus -épaisse.

Le métal employé pour la fabrication des blindages a

-varié, avec les progrès de la métallurgie du fer et de l'acier. Pendant longtemps on a employé exclusivement des fers au bois de la meilleure qualité, mais lorsqu'en

AVEC LES CONSTRUCTIONS NAVALES.

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1876 les canons monstres firent leur apparition, on dut renoncer à l'emploi du fer et employer soit l'acier seul, soit le fer recouvert d'une couche d'acier faisant corps avec lui. Les plaques ainsi obtenues, désignées sous le nom de plaques mixtes on plaques Compound, ont été beaucoup employées en Angleterre dans ces derniers temps.

La valeur relative des plaques entièrement en acier et dés 'plaques mixtes a fait l'objet de nombreuses discussions. Les sociétés de Châtillon et Commentry et de Saint-

Chamond témoignent une certaine préférence pour les plaques mixtes dans les publications faites par elles à l'occasion de l'Exposition ; le Creusot, au contraire, recommande l'emploi des plaques entièrement en acier, en acier Schneider, comme on le désigne couramment (*).

Ce n'est pas ici le lieu d'examiner à laquelle de ces plaques doit être donnée la préférence : leur mode de fabrication, qui nous intéresse plus particulièrement, ne diffère pas sensiblement. C'est toujours le laminage sous de puissants cylindres à marche réversible munis de galets verticaux. C'est le système du laminoir universel, avec les dimensions colossales nécessaires pour laminer

des blocs aboutissant à une plaque finie du poids de 40 tonnes. La réversibilité des cylindres s'obtient soit au moyen d'un embrayage à cames, soit en renversant la marche de la machine motrice elle-même,.ce qui évite

des chocs toujours inquiétants. On trouvera dans une monographie publiée par la société de Saint-Chamond, dans la publication périodique le Génie civil (tome XVI, II° 2), un dessin montrant le fonctionnement d'un appa-

reil du premier type. Le principe du changement de V) Au moment où ces lignes ont été écrites, les résultats obtenus au Creusot dans la fabrication des blindages par l'emploi clos alliages de nickel n'étaient ptts encore publiés. Il n'a donc pas été possible d'en faire mention dans le-travail actuel.