Annales des Mines (1890, série 8, volume 18) [Image 240]

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GÉOLOGIE DES PYRÉNÉES OCCIDENTALES.

monte dans l'Ariège , tantôt les dolomies jurassiques dont il est séparé par la Bauxite, tantôt directement les couches inférieures du Jurassique, c'est-à-dire le Lias; M. de Lacvivier signale même une discordance très nette

de calcaires urgoniens sur le Dévonien dans les envi« rons du Picou de Fraichenet (*). M. Depéret a montré que, dans le nord du Roussillon, les calcaires à Toucasia carinata buttent par faille contre la dolomie de l'Oolithe inférieure, et qu'on ne voit pas les relations inférieures des marnes rouges qui se ren. contrent, en quelques points, au-dessous des calcaires Toucasia. Dans le nord-ouest de la même région , les calcaires urgoniens buttent également par faille contre les schistes noirs du Silurien.

Pour M. Viguier, « la base des masses calcaires de FUrgo-aptien des petites Pyrénées et des Corbières est en général peu nette, le plus souvent le niveau inférieur manque, et ces termes se relient intimement au calcaire primitif de Charpentier, ou sont en contact anormal avec les dolomies jurassiques. Dans les Corbières orientales, l'Urgo-aptien est toujours en contact par faille avec le Trias ou le Jurassique. » En aucun point de la région occidentale des Pyrénées je n'ai encore rencontré une seule coupe qui m'ait per. mis d'observer les relations immédiates du Crétacé infé. rieur et du jurassique. À Cambo, sur les deux rives dela f

Nive (coupe X et ,fig. 10), le contact des calcaires aptiens et des calcaires jurassiques, supérieurs à l'Oxfordien, pu.

raît se faire par faille, mais on ne peut rien affirmer; entre Cambo et le point par lequel passe la coupe 9 (11i! environ à l'ouest de Cambo), les marnes de l'Aptien su.

périeur paraissent butter par faille contre l'Oxfordien, (1 De Lacvivier, p. 123.

AGE DES ARGILES BARIOLÉES GYPSIFÉRES.

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mais là encore la végétation et les alluvions masquent le

contact. Dans la vallée d'Ossau (p. 303), des calcaires noirs à Orbitolina que l'on est tenté de classer de prime abord dans le Jurassique sont en relation (?) avec des calcaires cristallins à Goniatites, supérieurs aux calcaires Amplents coralloïdes. Si on se reporte, d'autre part, aux relations si obscures des lambeaux de calcaire à

Toucasia avec les marnes bariolées du Trias de la région

pyrénéenne, on se trouve en présence d'un ensemble d'observations dont on ne peut actuellement rien conclure de certain, mais qui laisse supposer : 10 que des mouve-

ments orogéniques plus importants qu'on ne l'a admis jusqu'ici ont présidé au soulèvement de la région à la fin du Jurassique, et que la période d'émersion correspondant à la lacune du Néocomien inférieur, lacune bien dé-

montrée par les travaux de M. Hébert, correspond en outre à une phase de dénudations ; 20 que les sédiments de l'Aptien se sont déposés, en beaucoup de points, tout comme ceux du Gault et du Cénomanien, en discordance plus ou moins marquée sur les termes différents du Jurassique et sur les argiles bariolées occupant les noyaux des votes dénudées.

Si telle a été l'histoire de la région à la fin de la période jurassique et au commencement de celle du Crétacé, on pourrait admettre que la dislocation post-nummulitique correspond aux lignes de plissements post-jurassi-

ques, et ainsi s'expliquerait bien la rareté, pour ne pas dire l'absence, de lambeaux jurassiques dans les voûtes arasées de cette dislocation.

Il est intéressant de rappeler, à propos de ces considérations, les observations de MM. Bertrand et Kilian, en Andalousie, qui ont constaté « des traces encore incertaines d'émersion locale à la fin du jurassique, et la transgressivité partielle des marnes néocomiennes sur les marnes irisées. » D'autre part, Coquand a montré,