Annales des Mines (1890, série 8, volume 18) [Image 239]

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AGE DES ARGILES BARIOLÉES GYPSIFÈRES.

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GÉOLOGIE DES PYRÉNÉES OCCIDENTALES.

la Rhune et sont en relation avec un lambeau de Jurassique (coupe IV et fig. 4). Au sud-ouest de Cambo, un lambeau de

ces argiles se montre entre le Précambrien et le Juras-

sique (coupe IX et fig. 9). A Ascain, un lambeau de Jurassi. que, Infra-lias (?), est pincé au milieu des argiles bariolées du versant nord de la Rhune (coupe II et fig. 2). A SaintPée-sur-Nivelle , les argiles bariolées sont surmontées par la série jurassique (coupe V et fig. 5). A Saint-Panne. Ion, au sud de Dax, nous avons vu qu'un lambeau de calcaire appartenant à l'infra-lias (coupe XXXIV et fig. 34) est en relation avec les argiles gypseuses et salifères. Ces

observations, jointes à l'examen des figures et à la description des coupes qui accompagnent ce travail, ne per-

mettent pas de rapporter soit au Tertiaire, soit au Crétacé ou au Jurassique, les argiles bariolées en question et nous autorisent, au contraire, à les classer dans le Trias

et à les assimiler aux argiles irisées du Keuper de l'est de la France. La situation constante de ces argiles sur les lignes de fractures longitudinales et transversales empêche de les considérer comme des îlots limités par des failles circulaires; on ne peut admettre davantage avec M. Bertrand que ces affleurements puissent résulter d'une pénétration mécanique, comme on l'a admis pour les Klippen des

Carpathes. On est tenté d'expliquer la présence de ces bandes anticlinales dans la plaine sous-pyrénéenne et l'absence à peu près constante de lambeau jurassique par la formation de plis anticlinaux brusques avec amincissement (étirement) des couches jurassiques poussé jusqu'à la rupture de ces assises ; mais leur disparition est trop générale pour s'en tenir à cette explication.

Les observations de M. Bertrand en Andalousie l'ont conduit à admettre pour cette région et pour les Pyré nées « que ces pointements triasiques représentent les

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estes de saillies formées et conservées au fond des mers

crétacées et nummulitiques. »

Choffat a donné, dans son Mémoire sur les vallées tiphoniques en Portugal (*) des coupes qui ont beaucoup d'analogies avec les nôtres, avec cette différence que les argiles triasiques (marnes de Dagorda) se montrent gé-

néralement en relation avec les assises du Jurassique supérieur. L'âge des marnes de Dagorda a pu être fixé par la superposition normale de calcaires dolomitiques renfermant une faune infra-liasique ; ces marnes se rencontrent, comme on le sait, dans le fond de vallées anticlinales que M. Choffat a qualifiées de tiphoniques en

raison de la présence à peu près constante de roches ophitiques qu'il considère comme récentes. Notre savant

confrère s'est heurté aux mêmes difficultés que nous pour expliquer la présence de ces affleurements triasi« l'hypothèse qui lui parait la plus probable est ques

celle d'une crevasse primitive, puis d'un écartement des flancs, ce qui aurait permis aux terrains inférieurs d'être soulevés jusqu'à la surface. »

Avant d'émettre une hypothèse différente ou voisine de celles que nous venons de passer en revue, il est indispensable de jeter un coup d'oeil sur l'histoire de la région pyrénéenne à partir du Jurassique jusqu'au Crétacé.

Les documents que l'on possède sur le Jurassique sont très incomplets ;

il parait cependant résulter des travaux

de M. Hébert, de M. de Lacvivier et de M. Viguier que, dans les parties centrale et orientale, le Jurassique est souvent incomplet et que le crétacé inférieur (Urgonien) repose souvent dans ces régions sur des termes différents du Jurassique et quelquefois sur le Dévonien. D'après M. FIébert et M. de Lacvivier, l'Urgonien sur(*) Bull. Soc. géol. de France, 3° série, t. X, p. 267.