Annales des Mines (1889, série 8, volume 16) [Image 245]

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L'INDUSTRIE DU CUIVRE

DANS LA RÉGION D'HUELVA.

jusqu'en 1750 l'exploitation commencée en faisant quelques essais de fusion et de cémentation naturelle. C'est le moment où l'affaire entre dans une phase véritablement industrielle et où cet historique va prendre un intérêt nouveau par les essais successifs auxquels nous

Mais on ne l'applique que sur une très petite échelle, le procédé principal restant toujours celui par calcination et fusion; et même vers 1783, après que le gouvernement espagnol, le 1e février 1783, eut racheté la mine,

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allons assister et la série d'expériences ou de tâtonnements qui progressivement amèneront aux méthodes telles qu'elles sont pratiquées maintenant. On peut suivre là l'histoire des perfectionnements très lents d'une industrie actuellement si florissante et se rendre compte en l'étudiant pourquoi l'on n'ose aujourd'hui qu'avec infiniment de prudence modifier des pratiques améliorées

au cours des siècles et consacrées par le temps. D'abord, c'est par grillage et fusion qu'on opère. De 1740 à 1750, sous la direction d'un certain D. Francisco Tomas Sanz de Valencia, associé de D. Tiquet, on traite en deux opérations grillage en tas coniques et fusion au four à manche. En 1751, on essaye, non sans introduire d'abord quelque confusion dans le travail, d'opérer par trois fusions -

successives : grillage et fusion pour première matte (natta basta ou matte brute); calcination de la matte; seconde fusion pour matte fine; calcination et troisième fusion pour cuivre noir suivie d'un affinage dans des coupelles allemandes (*). Puis, en 1752, nous voyons, pour la première fois, ap-

paraître la méthode de cémentation naturelle, c'est-àdire par arrosage sans grillage préalable et précipitation du cuivre par le fer (méthode actuelle de San-Domingos). (*) A cette époque, l'exploitation du Rio-Tinto était tout entière

souterraine; un seul puits ne pouvant suffire à la ventilation, on fit un percement au moyen de deux galeries ou contraminas venant au-devant l'une de l'autre. D'où, paraît-il, le nom de contramina employé à Rio-Tinto pour désigner les travaux souterrains et qui a pu étonner quelques visiteurs.

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le manque d'eau, par suite du mauvais état du canal

d'arrivée, décide à y renoncer complètement. Quatre ans après, on y revient (1787), non toutefois sans que des gens réputés compétents fassent une opposition très vive. Nous en trouvons une preuve piquante dans un mémoire du surintendant général de la Réal Hacienda, don Pedro de Lerena, où celui-ci croit démontrer victorieusement que le cuivre obtenu par cémentation n'était en réalité que du fer teint en cuivre et que cette falsification faisait le plus grand tort aux véritables coi-. vres espagnols. Il fallut alors une série d'expériences de Don Pedro Guttierez Bueno Catedratico de Quimica à. Madrid, pour prouver le contraire. Dans ces conditions, on ne doit pas s'étonner si la méthode par cémentation se développe peu. En 1790, le nombre des fours était arrivé à être de dix : sept ou huit

pour la fusion des minerais calcinés et deux ou trois pour l'affinage du cuivre noir, tandis que le cuivre cé-

menté figurait à peine dans les tableaux (*). Nous entrons ensuite dans la période de l'invasion française où l'industrie est à peu près complètement suspendue, puis dans une époque de décadence générale de l'Espagne où tous les travaux restent abandonnés. En 1824, lorsque l'exploitation reprend un peu, nous trouvons la cémentation revenue en faveur. Mais, quoique ce procédé soit en théorie de la plus grande simplicité, il demande en pratique une foule de tours de mains que l'expérience seule pouvait faire connaître à la IonV) Le prix de revient de la livre de cuivre ressortait alors à.

4 réaux, soit 0,53.

Tome XVI, 1889.

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