Annales des Mines (1889, série 8, volume 16) [Image 243]

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L'INDUSTRIE DU CUIVRE

Report Plomb Antimoine Argent. Arsenic Soufre Calcium Magnésium Perte.

DANS LA RÉGION D'HUELVA.

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54,711 17,026

sur les énormes amas de scories qui les désignaient à la

3,600 0,030 21,500 2,342 0,413

surface.

traces. 0,358 99,980

Un détail assez curieux, c'est que, dès l'antiquité, con.

formément à un dire de Strabon (50 ans avant JésusChrist), quelques-unes des scories paraissent avoir été refondues.

Après les Romains, pendant la durée des invasions barbares, toutes les mines furent abandonnées; les Arabes, qui avaient des connaissances en chimie, en reprirent quelques-unes ; on cite particulièrement, comme ayant provoqué un réveil de l'industrie minière, le roi Alhaken de Cordoue, qui vivait au Xe siècle ; mais il ne semble pas que son attention se soit portée sur la région

d'Huelva; car il n'y reste aucune trace du passage des Arabes ; le nom de Reina 2nora donné à une montagne, près de Rio-Tinto, vient seulement de la coutume qu'avait

le peuple espagnol d'attribuer aux Arabes tout ce qui était ancien; il manque dans les mines les traces d'un travail arabe qui seraient fort aisées à reconnaitre, si l'on s'en rapportait absolument à une remarque d'Hoefer. Les Arabes, en effet, d'après lui, auraient fait carrés ou rectangulaires aussi bien leurs puits que leurs tours, tandis que les Romains les faisaient également ronds. Nous arrivons donc, pour trouver une tentative nou-

velle sur ces riches filons de Rio-Tinto et Tharsis au XVIe siècle, époque à laquelle les voyageurs qui passè-

rent dans le pays commencèrent à appeler l'attention

En 1555, on avait découvert le fameux gisement de

Guadalcanal. Peu après, Philippe II envoya D. Francisco de Mendoza avec mission spéciale de lui découvrir des mines en Espagne. D. Francisco parcourut Zalamea , Aracera, Valverde et reconnut Rio-Tinto où il envoya

D. Diego Delgado pour faire des études. Les rapports successifs et les instances de ce dernier auprès de Philippe II nous ont été conservés. Il avait été frappé de l'importance des restes antiques et ne cessa d'en demander la mise en exploitation ; mais le Consejo de Hacienda, chargé d'examiner la question, ne lui répondit que par des paroles méprisantes. Sur sa dernière supplique qui existe encore, on peut lire écrit

de la main de Philippe II, grand annotateur de pièces comme on sait : « Cet homme est mort; on pourra adres-

ser cela à D. Francisco pour qu'il voie s'il en est de ces mines comme il le dit ». L'année suivante, D. Francisco revint bien à Guadalcanal, mais il oublia Rio-Tinto, qui, dans l'état de décadence où tomba bientôt l'Espagne, resta plus d'un siècle encore abandonné. La législation minière, inaugurée le 10 janvier 1559 par la loi de Valladolid et complétée par les ordonnances de 1563, n'avait rien d'ailleurs qui pût encourager beaucoup les recherches. D'après cette loi, faite en apparence pour soustraire les mines dans l'intérêt général à ceux qui les détenaient sans les exploiter, la couronne devenait propriétaire de tous les gisements d'or, d'argent et de mercure : tout inventeur devait faire un registre (ou déclaration authentique) à la suite duquel il était tenu de maintenir sa mine en activité permanente et ne touchait au plus que le tiers du produit net, le reste étant versé au Trésor. Sous ce régime, on se contenta de faire, au sujet des