Annales des Mines (1889, série 8, volume 15) [Image 344]

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L'ÉCOLE DES MINES DE PARIS.

Mais bientôt les choses changèrent en sens inverse. Les élèves sortant de l'École polytechnique, sans entrer dans les services publics, se portèrent de plus en plus nombreux vers l'École des mines. Dès 1876, 16 d'entre eux étaient venus concourir pour les places d'élèves externes de première année rendant ainsi la lutte très difficile pour les élèves des cours préparatoires. Sans atteindre un pareil chiffre dans les années postérieures, le nombre des élèves démissionnaires de l'École polytechnique resta

assez grand pour déterminer le conseil à proposer et l'administration à adopter un régime qui fit une part plus équitable aux uns et aux autres : de là le système adopté

finalement en 1883 et dont nous avons déjà fait connaître les traits essentiels (p. 631). Dans le nouveau système, on a fait disparaître les examens d'admissibilité et aussi la traditionnelle clause de faveur pour les fils d'exploitants de mines et de directeurs d'usines, qui, depuis 1816, faisait partie des statuts de l'École (*).

Le programme des cours de l'année préparatoire fut d'ailleurs peu après remanié de manière à ce que l'enseignement fût mieux approprié à sa destination (**). (*) Nous ne nous dissimulons pas les difficultés de. la défense de cette clause à notre époque démocratique et égalitaire;

on invoquera peut-être aussi son inutilité dans un temps où

l'industrie se fait essentiellement par sociétés anonymes. Malgré toutes ces objections, nous inclinons à croire que la clause avait et aurait encore éventuellement son utilité. Les inconvénients inhérents à l'anonymat ne donnent que plus d'intérêt aux entreprises qui ont gardé la forme patrimoniale ou quasiment patrimoniale. (**) Ces modifications, qui ne sont devenues effectives qu'en 4887-1888, ont consisté principalement à augmenter l'étude de la mécanique et de la physique en restreignant, dans la limite du possible, les développements donnés à la géométrie descriptive théorique. Dès après la guerre, une autre innovation, discutable du reste,

avait été introduite dans les programmes d'admission. A la

NOTICE HISTORIQUE.

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Ces modifications se lièrent du reste avec les modifications plus profondes de l'enseignement même de l'École que le changement dans le personnel et diverses circonstances amenèrent à introduire successivement.

A raison tout d'abord des obligations militaires qui allaient désormais incomber aux ingénieurs de l'État, les élèves de l'École des mines furent astreints, dès 1873> à

suivre un cours de fortifications qui venait d'être à cet effet institué à l'École des ponts et chaussées. Lorsqu'en 1873, Delesse résigna ses fonctions de professeur, le conseil pensa avec raison que l'on pouvait avantageusement réduire les leçons d'agriculture, de drainage

et d'irrigations, et qu'il serait préférable, à l'imitation

de ce qui se faisait dans les écoles allemandes, de laisser le côté pratique de l'agriculture, auquel quelques leçons ne suffisent pas, pour ne retenir que le côté plus théorique des relations du sol et des eaux avec la géologie : de là l'idée de ce cours nouveau, appelé d'abord géologie technique, puis géologie appliquée, où, en dehors de ces notions, pouvait être donnée la description méthodique des gîtes minéraux avec plus de développement et partant d'utilité que l'on ne pouvait le faire dans les cours de géologie générale ou d'exploitation des mines. L'idée était excellente et ne pouvait aller qu'en

se développant pour autant qu'on pût trouver la place matérielle du nouvel enseignement.

D'autre part, en 1879, à la mort de Couche, le cours de construction et chemins de fer fut scindé avec raison en deux cours distincts. La part, de plus en plus grande, que les ingénieurs de l'État et les élèves externes sui !e d'un vu émis, en 18"i2, par une commission spéciale du ministère de l'instruction publique , les candidats aux places d'élèves externes des cours spéciaux durent, à partir de 1872, être interrogés sur la géographie et la cosmographie. Pourquoi pas aussi sur toutes les matières des deux bacc,làuréats?