Annales des Mines (1889, série 8, volume 15) [Image 324]

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L'ÉCOLE DES MINES DE PARIS.

NOTICE HISTORIQUE.

avant de la scolarité normale de trois ans des cours spéciaux, suivant le nom qui leur est resté d'après celui employé par l'arrêté de 1849. L'administration n'avait pas attendu de rendre l'arrêté

confié à de Chancourtois ; chimie générale, confié à Rivot.

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du 17 avril 1849 pour introduire à l'École les modifications désormais décidées ; elles purent entrer en fonctionnement au début de l'année scolaire 1848-1849.

Dès le 15 novembre 1848 était créé le nouveau cours spécial , sous le titre d'Economie (*) et législation des

mines; il fut confié à Jean Reynaud (**), que, dès 1847, nous avons vu le conseil désigner à cet effet à l'administration supérieure ; on ne pouvait faire un choix plus heureux pour inaugurer ce côté nouveau de l'enseignement de l'École; l'éloquence entraînante du futur auteur. de Terre et Ciel était de nature à séduire les élèves.

Suivant décision du 18 novembre 1848, avaient été créés les cours préparatoires, de cinquante-cinq à soixante leçons chacun : de mécanique et physique, confié à De-

launay; géométrie descriptive et calcul infinitésimal, -

(*) Garnier, l'économiste, avait demandé à faire à l'École des mines un cours spécial d'économie politique comme celui professé par lui à l'École des ponts et chaussées. Le conseil, saisi de cette

demande, considérant qu'il s'agisait surtout de l'application de l'économie politique aux mines et usines et à leur statistique, avait été d'avis qu'il convenait de confier ces leçons à un ingénieur et de les joindre au cours de législation dont il réclamait instamment la prompte organfsation. La commission spéciale d'organisation, en appuyant vivement la création du cours de législation demandé dès 1847, avait insisté, comme jadis le conseil de l'École, sur la convenance de le confier

à un ingénieur qui seul pourrait saisir les relations existant entre le droit des mines et usines et les questions d'art. ("") Le programme du cours en vingt-quatre leçons que professa Jean Reynaud a été publié dans les Annales des mines de 1849. On y devine la haute portée philosophique que cet esprit si élevé s'était attaché à donner à cet enseignement plutôt que de s'astreindre à une étude d'application pratique que le temps dont il disposait ne lui aurait pas permis d'approfondir suffisamment.

Ces cours devaient être professés du 15 novembre au 15 juin.

La commission spéciale, le conseil et l'administration supérieure, à la suite de l'étude attentive d'ensemble qui

venait d'être entreprise, s'étaient accordés à l'envi à reconnaître l'utilité primordiale de cette institution des cours préparatoires sur laquelle, en effet, repose en quelque sorte le fonctionnement de l'École. Le nombre des élèves ingénieurs était et devait être toujours trop réduit pour qu'une École des mines pût fonctionner pour eux seuls avec le coûteux développement de professeurs, collections et laboratoires qu'elle entraîne nécessairement si elle veut être à la hauteur de sa destination. Aux élèves ingénieurs ajoute-t-on un nombre suffisant d'élèves externes, l'École peut fonctionner utilement sans que ses dépenses soient en disproportion avec ses résultats; on obtient alors avec le minimum de frais le maximum de rendement pour l'intérêt public. Avec la manière dont se donne partout encore aujourd'hui l'enseignement

des hautes mathématiques, de la physique et de la chimie, les élèves qui veulent aborder utilement les études spéciales d'un enseignement aussi relevé que celui de l'École des mines, devraient, sans l'existence de ces cours préparatoires, avoir passé par des écoles spéciales telles que l'École polytechnique ou l'Ecole normale supérieure.

Sans compter la perte de temps qui en résulterait pour eux, on écarterait par ce système, comme le conseil de l'École l'avait fait remarquer avec tant de sens dès 1840, des jeunes gens qui viennent chercher à l'École des mines un enseignement particulier qui leur est utile ou nécessaire

pour les professions auxquelles ils se destinent. En le donnant à l'École même, avec un programme approprié, en relation directe avec les nécessités de l'enseignement spécial, ce haut enseignement préparatoire peut être ré-