Annales des Mines (1889, série 8, volume 15) [Image 322]

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L'ÉCOLE DES MINES DE PARIS.

NOTICE HISTORIQUE.

Les décisions que nous avons déjà indiquées montrent que le nouveau gouvernement à ses débuts avait, sans aucune hésitation, pris diverses mesures sanctionnant, par

de plus près aux événements. Le 3 mars 1848, Marie, ministre des travaux publics, écrivait au conseil : « Les élèves de l'École des mines, comme leurs camarades des ponts et chaussées, ont montré dans les événements mémorables que nous venons de traverser, tout ce que l'on doit attendre de leur capacité et de leur dévouement à la chose publique ; c'est un hommage que je me plais à consigner ici et dont je vous prie de leur transmettre l'expression ». En même temps, tous les élèves, déjà en service, mais non encore nommés aspirants faute d'avoir achevé leurs obligations scolaires (missions et journaux de voyage, etc.), et tous ceux de troisième année furent

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solutions d'espèce, la voie de transformation profonde dans laquelle l'École était entrée depuis quelques années. Mais on s'écartait tellement et de plus en plus par là des actes originaires de 1816, qui constituaient, en somme, légale-

ment encore la charte de l'École, qu'on conçoit très bien que, dès que les choses eurent repris quelque régularité, l'administration comprit qu'on ne pouvait persévérer dans un pareil système ; une étude d'ensemble s'imposait pour fixer, d'une façon appropriée, le régime le meilleur ; cette étude devait, du reste, amener la consécration définitive

des vues dont nous venons de suivre l'évolution et de montrer les premières applications. Les deux révolutions de 1830 et 1848 ont ainsi marqué

pour l'École des mines des dates à chacune desquelles son régime a subi des modifications importantes ; la dernière a été plus marquée que la première, mais aussi préparée depuis plus longtemps. A l'intérieur même de l'École, la révolution de 1830

ne paraît pas avoir laissé de traces sensibles (*), encore qu'on ne puisse douter que les élèves ne se soient joints à leurs camarades plus jeunes (le l'École polytechnique. En 1848, les élèves, plus nombreux il est vrai, se mêlèrent (*) Une difficulté s'était présentée à l'Ecole des mines, comme

dans toutes les autres Ecoles spéciales se recrutant à l'Ecole polytechi que, pour l'application de la malencontreuse ordonnance du 6 août 1830, peu après rapportée à cause de son inapplicabilité, en vertu de laquelle les élèves sortant de l'Ecole polytechni-

que devaient être nommés d'emblée lieutenants dans l'artillerie et le génie, et aspirants dans les ponts et les mines. Le conseil avait

immédiatement indiqué le moyen de tourner la difficulté en ne nommant aspirants ceux de la promotion de 1830 que simultanément et après leurs anciens, et quand tous auraient satisfait aux obligations scolaires. On annulait ainsi, en fait, l'effet de l'ordonnance.

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déclarés d'emblée hors de concours. Les élèves de l'École prirent une part encore plus active aux journées de juin qu'à celles de février. Lesbros, élève ingénieur de première année, mourut des suites des blessures reçues, le 24juin, dans la rue des Noyers, à l'attaque d'une barricade, et M. Blavier, son camarde de promotion, fut décoré, le 2 mai 1849, pour sa belle conduite dans ces tristes circonstances. Nous ne quitterons pas la période que nous venons de

parcourir sans signaler une mesure très heureuse pour l'enseignement, prise par le gouvernement de Juillet, à la suite d'un avis émis par le conseil général des mines. Le gouvernement fit connaître, en 1834, au conseil de l'École que, conformément à cet avis, il était disposé à autoriser chaque année un ou deux professeurs à faire, pendant la

période de suspension des cours, des voyages d'instruction pour lesquels un crédit de 3.000 francs serait ouvert. Le conseil indiquait les professeurs et arrêtait, de concert avec eux, l'itinéraire à suivre. La mesure fut appliquée assez régulièrement chaque année jusqu'en 1848 : Le Play en profita particulièrement pour visiter les usines de tous les pays. A partir de 1848, ces voyages devinrent plus rares ; la pratique en subsista cependant