Annales des Mines (1889, série 8, volume 15) [Image 321]

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L'ÉCOLE DES MINES DE PARIS.

NOTICE HISTORIQUE.

cours, insistait pour qu'il ne traitât pas des généralités de la science ; son objet exclusif devait être la connaissance pratique des principales espèces servant à caractériser les terrains ; pour rappeler ce but, le conseil demandait que le cours prit le titre de Paléontologie

nieur le plus propre à ce nouveau poste. Mais il ne devait être définitivement statué sur cette question (*) qu'après l'étude d'ensemble que crut devoir prescrire le gouvernement de la République, dès que, les troubles et le désordre de la première heure passés, le nouveau régime eut pris quelque stabilité.

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pratique. En rendant le décret de '1858, l'administration ne suivit pas tout à fait le conseil dans cette voie et sut peut-

être mieux satisfaire au double but que l'on doit avoir en vue à l'École des mines de Paris. Au début de cette année scolaire 1847-1848, qui devait amener tant de modifications, Dufrénoy, nommé professeur au Muséum, céda sa chaire de minéralogie à l'Ecole des mines à de Sénarmont (*) Le conseil, dans cette même fin de l'année 1847, avait également arrêté le programme d'ensemble d'un cours, en 20 leçons, de droit administratif sur les mines, qu'il désirait voir confier non à un juriste de profession, mais à un membre du corps ayant acquis son expérience par la pratique ; sur le refus de de Bonnard et de Migneron de se charger de ce cours, le conseil, sans faire une véritable présentation (**), avait cru pouvoir indiquer à l'administration supérieure Jean Reynaud (***) comme l'ingé-

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avec Le Play, son conscrit, malgré leurs divergences de vue dans les questions sociales. Ils avaient ensemble, à leur sortie, fait un grand voyage en Allemagne non seulement au point de vue pro-

fessionnel, mais encore pour étudier contradictoirement ces questions qui les sollicitaient également. Jean Reynaud fut un ardent adepte du saint-simonisme à ses débuts; il s'en retira avec éclat lors de la séparation d'Enfantin et de Bazard. Il ne s'est guère occupé de questions techniques ; néanmoins son premier livre, préparé dans les loisirs de l'emprisonnement que lui valut sa courageuse attitude comme défenseur des républicains à la Chambre des pairs en 1834, fut une Minéralogie des yens du monde, parue en 1834 sans nom d'auteur et rééditée, sous son nom, avec le nouveau titre de : Histoire élémentaire des miné-

raux usuels; le premier travail publié dans le premier volume des Mémoires de la Société géologique (1833) est une note de lui sur la Constitution géologique de la Corse, où il avait été envoyé en service à sa sortie de PEcole en 1829; on attribue à Jean Reynaud une partie des intéressantes notices parues dans le volume

de la statistique de l'administration des mines pour 1836. Ses principaux travaux historiques et philosophiques ont été insérés dans l'Encyclopédie nouvelle, commencée en 1835 avec Pierre Le-

(*) De Sénarmont, né le 6 septembre 1808, est mort le 30 juin 1852 inspecteur à l'Ecole des mines, poste où il avait été appelé, en 1856, à remplacer Le Play. En dehors de ses fonctions à PEcole, de Sénarmont professa la physique à l'Ecole polytechnique. D'une érudition profonde, d'une grande hauteur de vues, de Sénarmont apportait, en outre, dans ses relations, une courtoisie et une bienveillance qui ont laissé des souvenirs vivants à tous ceux qui ont fréquenté ce type du galant homme. Son enseignement se faisait remarquer par sa portée philosophique. (1 Le droit de présentation n'a été officiellement accordé au conseil que par le décret actuel de 1856. L'ordonnance de 1816 n'en parlait pas, et, en fait, en effet, l'administration a, jusqu'en 1856, nommé les professeurs sans consulter le conseil d'abord, et

en le consultant rarement dans la période de 1845 à 1856.

(***) Jean Reynaud, né à Lyon le 14 février 1806, est mort le 28 juin 1863. Il avait été dans son temps d'école intimement lié

roux; il a tiré de là la plupart de ses ouvrages postérieurs. En 1848, il fut sous-secrétaire d'Etat à l'instruction publique sous Carnot et membre de l'Assemblée constituante ; il fut un des fondateurs de la célèbre Ecole d'administration supprimée en

1849 avant qu'il ait pu commencer le cours de matières politiques qu'il devait y professer. Aux événements de décembre 1851, il se retira de l'Ecole des mines et fut ultérieurement déclaré démissionnaire pour refus de serment (28 juin 1852). En 1854, il publiait Terre et ciel, son chef-d'oeuvre, qui résume sa doctrine généreuse et sa philosophie poétique. (") Le nouveau gouvernement, à ses débuts, se borna, dans la dépêche du 21 mars 1848 citée à la note 4 de la page 599, à mar-

quer l'utilité qu'il y aurait à ce que les élèves « prissent, par un Séjour de quelque temps auprès d'un ingénieur en chef, des notions administratives sur la marche du service et la manière de traiter les affaires. »