Annales des Mines (1889, série 8, volume 15) [Image 285]

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L'ÉCOLE DES MINES DE PARIS.

NOTICE HISTORIQUE.

Si tout enseignement spécial 'sur les mines et la métallurgie n'a pas sombré dans l'expérience de Moutiers, on le doit aux professeurs qui y furent nommés et à la façon dont ils comprirent leur mission, tout autrement fort heureusement que ne l'avait entendu l'arrêté organi-

présentée suivant les principes du professeur IVern,er (*). Toutefois son Traité et son enseignement étaient complétés par l'exposé des conceptions cristallographiques nouvellement découvertes par Haüy, en sorte qu'ils présentaient une heureuse synthèse des deux méthodes. Le second volume était particulièrement intéressant par le petit Traité des roches qui le terminait, constituant ainsi un des premiers ouvrages de pure géologie. Aussi bien, Brochant, par les belles études qu'il allait entreprendre avec tant de succès dans la Tarentaise (**), devait provoquer dans la géologie des progrès qui ont puissamment contribué à l'asseoir comme science indépendante, aux lieu et place de cette géographie physique, comme on désignait auparavant les connaissances purement géographiques ou statistiques, mnémoniques plus que scientifiques, qu'on enseignait sous cette appellation. Le résultat le plus appréciable, et peut-être le seul appréciable au point de vue

que de février 1802.

Baillet pour l'exploitation et Hassenfratz pour la métallurgie ne firent que continuer à Pesey l'excellent enseignement de théorie appliquée que, depuis plusieurs

années déjà, ils donnaient à Paris et qu'ils devaient y continuer à partir de 1816 pendant tant d'années encore, alors que l'arrêté du 12 février 1802 ne prévoyait qu'un enseignement essentiellement pratique. Le désaccord entre les faits et le programme officiel était inévitable;

l'arrêté des Consuls de février 1802 avait méconnu le caractère de l'enseignement spécial indispensable à la suite de celui, touchant aux généralités plus qu'aux spécialités, que recevaient les élèves de l'École polytechnique.

Cette nécessité s'accentuait d'autant plus que l'enseignement de l'École polytechnique tendait davantage vers la pure théorie des sciences mathématiques.

Brochant de Villiers qui, à peine âgé de 30 ans, était appelé à succéder à Haüy, dont le haut enseignement, commencé si magistralement à l'École des mines, devait se continuer au Muséum, allait maintenir ce cours à la hauteur où l'avaient mis déjà ses illustres devanciers. Ce qu'était ce cours au moment où Brochant monta dans une chaire dont il devait rester titulaire pendant 33 ans, on peut aisément s'en rendre compte par le Traité élémentaire de minéralogie qu'il publia à cette époque (2 vol. in-80,

Paris, chez Williers), le premier volume en l'an IX, un an

par conséquent avant le Traité d'Haüy, et le deuxième volume en l'an XI. Brochant de Villiers, dans le titre même de son ouvrage, indiquait que sa minéralogie était

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(") Brochant de Villiers distinguait, avec Werner, dans la minéralogie entendue kilo sensu : L'orictognosie, ou connaissance des minéraux d'après leurs caractères physiques ou mieux les caractères extérieurs tombant sous nos sens; La minéralogie chimique;

La géognosie, ou connaissance de la terre, c'est-à-dire des

circonstances de gisement des substances minérales; La minéralogie géographique, ou connaissance des localités oit se trouvent ces substances; La Minéralogie économique, ou connaissance des emplois de ces substances; En d'autres termes, la minéralogie devait apprendre : les caractères extérieurs, physiques (électricité, magnétisme), chimi-

ques, les parties constituantes, les modes de gisement et les

localités, enfin les usages des minéraux, minerais et roches. (**) Les travaux de Brochant sur la Tarentaise se trouvent essentiellement dans Observations géologiques sur des terrains de transition qui se rencontrent dans la Tarentaise et autres parties de la chaîne des Alpes, 1806 (Journal des mines, t. XXIII). Terrains de gypse ancien qui se rencontrent dans les Alpes, mémoire lu à l'Instant le 11 mars 1816. Tonie XV, 1889

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