Annales des Mines (1889, série 8, volume 15) [Image 272]

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L'ÉCOLE DES MINES DE PARIS.

NOTICE HISTORIQUE.

gués de cette époque, étaient allés faire leur tour d'Allemagne. Frappés de la prospérité et du développement relatifs de l'exploitation des mines dans ce pays, ils devaient avoir ce sentiment, si répandu pendant longtemps encore en France, que l'industrie des mines devait être sinon une industrie d'État, tout au moins une industrie dont l'État devait diriger l'exploitation, soit par l'intervention directe de ses représentants auprès des exploitants, soit par les exemples et l'enseignement à leur donner. Ils pensaient que les ingénieurs de l'État, pour être à la hauteur de leur tâche, pour pouvoir diriger les exploitants en gens non seulement de science mais d'expérience, devaient s'initier par eux-mêmes aux plus petits détails

un enseignement approprié, portant sur l'exploitation des mines et la métallurgie.

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du métier (*), tout comme l'officier, pour bien commander la

manoeuvre à ses soldats, doit l'avoir faite auparavant. Ces idées, qui s'appuyaient sur l'exemple de l'Allemagne,

qui ne laissent pas d'avoir aujourd'hui encore leur part de vérité, devaient peser avec d'autant plus de poids alors qu'a cette époque, malgré les grands progrès relatifs des sciences, l'exploitation des mines et la métallurgie dépen-

daient encore de l'art, que la pratique seule enseigne, beaucoup plus que de la science qui peut s'apprendre dans des cours. L'École pratique, qui ne devait être pour certains élèves que le complément d'un enseignement théorique, devait d'ailleurs suffire aux élèves qui, se destinant à l'industrie privée, ne voulaient faire que de la pratique. Li

Il suffisait pour cela qu'on donnât sur l'établissement à choisir comme complément des opérations industrielles (*) On le voit bien par l'article 5 de l'instruction sur l'Ecole pratique, que, le 9 mars 1796 (19 ventôse an IV), le conseil soumettait au ministre « Les élèves seront obligés de pratiquer eux-mêmes les fonctions de forgerons, mineurs, boiseurs, laveurs, essayeurs, fondeurs, affineurs et maîtres, et ne seront avancés que suivant leur degré de capacité dans chacune de ces parties. »

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Ces projets, tant sur le système d'exploitation des mines que sur l'enseignement spécial de la matière en France, prirent d'autant plus de force dans le conseil des mines que, par suite de nos conquêtes, le pays s'annexait des contrées possédant des mines et usines, nombreuses et relativement importantes, dont plusieurs étaient dévolues

à l'État soit par la dépossession de leurs propriétaires, soit par sa substitution aux souverains étrangers qui les possédaient antérieurement. Après avoir examiné l'état des exploitations dont on pouvait disposer au moment où fut rendue la loi du 30 vendémiaire an IV (22 octobre 1795), le conseil se décida pour

celle de Sainte-Marie-aux-Mines. Les gîtes de plomb et cuivre argentifères de cette localité passaient pour avoir donné jadis de beaux produits (*); leur exploitation n'avait été suspendue qu'au moment de la Révolution, et on présumait qu'elle pourrait être remise promptement et à peu de frais en activité notable. Le 19 décembre 1795 (28 frimaire an IV), le conseil proposait donc à Benezech, qui venait de prendre le ministère de l'intérieur, de décider que l'École pratique serait établie p, Sainte-Marie-aux-Mines, et le 18 janvier 1796 (28 nivôse an IV) Benezech rendait une décision conforme, sous réserve de ne l'appliquer que

lorsque l'on pourrait allouer les fonds à ce nécessaires. Mais les motifs qui avaient fixé sur Sainte-Marie-auxMines le choix du conseil des mines, avaient attiré sur ces gîtes l'attention de particuliers qui en demandaient (*) Les exploitations de Sainte-Marie-aux-Mines, appartenant au prince des Deux-Ponts, auquel Louis XIV les avait laissées, avaient joui d'une célébrité exceptionnelle dans le troisième quart du XVIII' siècle, grâce surtout à la rare habileté d'un fondeur du Hartz, Schreiber, qui n'avait du reste que le nom de commun avec le futur directeur de l'Ecole des mines de Pesey.