Annales des Mines (1889, série 8, volume 15) [Image 273]

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L'ÉCOLE DES MINES DE PARIS.

NOTICE HISTORIQUE.

la concession au Directoire du département, conformément à la loi du 28 juillet 1791 ; ils étaient chaudement

A peine cette concession était-elle accordée, le conseil des mines apprit, par des renseignements exacts, que sa

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appuyés par les représentants du département. On fit observer au conseil des mines que Sainte-Marie-auxMines ne répondrait pas à ses intentions ; qu'il n'y avait sur place, ni aux environs, les bâtiments nationaux nécessaire au logement du personnel ; qu'il n'existait pas de forêt disponible assez rapprochée pouvant être affectée à l'établissement. On lui assurait que les mines de Giromagny (*) réunissaient au contraire toutes les conditions désirables. Le conseil avait bien d'abord proposé qu'avant

de statuer on envoyât Baillet et Guillot -Duhamel fils examiner les choses sur place. Mais vivement pressé par les intéressés, se fiant aux renseignements donnés par les représentants du département et la régie de l'enregistrement, qui avait été consultée, le conseil proposa lui-même à Benezech de revenir sur sa décision ; celui-ci, à la date du 3 avril 1796 (14 germinal an IV), désigna Giromagny pour le siège de la future École pratique au lieu de SainteMarie-aux-Mines, dont la concession fut définitivement octroyée à ceux qui la demandaient. (*) Les mines de Giromagny, , qui donnaient des plombs et cuivres gris argentifères, avaient été exploitées d'une façon à peu près continue du XIV' siècle à la réunion de l'Alsace à la France. Louis XIV, qui en était devenu propriétaire par la conquête, avait donné le comté de Resmont au cardinal de Mazarin qui s'était attribué la propriété des mines. Elles furent exploitées directement pour le compte de la famille Mazarin jusqu'en 1709; elles furent ensuite successivement affermées jusqu'en 1779, date à laquelle la dernière société fermière sombra et les mines furent inondées. En 1791, par suite de l'annulation de la donation faite à Mazarin, les mines avaient fait retour au domaine.

Baillet du Belloy, rendant compte de la mission à lui donnée

par le conseil des mines dans un mémoire inséré au Journal des mines de l'an VI, a décrit les anciens travaux de Giromagny

et indiqué ceux qui auraient été nécessaires pour reprendre

l'exploitation.

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bonne foi avait été trompée. La reprise des mines de Giromagny exigeait des travaux considérables et coûteux, aux dépenses desquels le trésor obéré aurait été impuis-

sant à faire face. Pour se procurer les ressources nécessaires, et, en outre, pour constituer un enseignement pratique complet, suivant des idées déjà par nous indiquées et qu'il devait aller toujours en développant, le conseil proposa, le 19 avril 1796 (30 germinal an IV), un nouveau plan à Benezech. Il demandait qu'on lui remît, pour

les diriger et exploiter lui-même, outre les mines de Giromagny, les houillères de Ronchamp et Champagney (*), alors en pleine exploitation, et les forges de Belfort et Châtenois (**), également en activité.

Les bénéfices de ces deux exploitations relativement très prospères devaient faciliter la reprise des travaux de

Giromagny et, en tout cas, permettre de faire face à toutes les dépenses de l'École pratique et même de l'École théorique de Paris. On aurait ainsi créé, dans un rayon relativement restreint, sous la main directe des ingénieurs de l'État, un groupe ou arrondissement, permettant de donner l'enseignement pratique, tel que l'en(*) Les houillères de Ronchamp et Champagney avaient été con-

cédées en 1759 et n'avaient pas cessé d'être en exploitation elles appartenaient pour une moitié au chapitre de Lure et pour l'autre moitié aux Reinach, seigneurs de Ronchamp. Les de Reinach ayant émigré, les mines étaient devenues en entier propriétés nationales. L'exploitation de ces houillères était réputée rapporter un bénéfice net annuel de 90.000 francs, et en l'an IX, le Domaine recevait des propositions à fin d'amodiation sur la base d'une redevance à la tonne, qui était estimée devoir rapporter annuellement 63.000 francs environ. (**) Les forges de Belfort et Chàtenois appartenaient à la famille Mazarin et, à ce titre, étaient devenues biens nationaux; elles rapportaient annuellement 64.000 francs; elles furent vendues pour 240.000 francs.