Annales des Mines (1889, série 8, volume 15) [Image 258]

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L'ÉCOLE DES MINES DE PARIS.

NOTICE HISTORIQUE.

Lelièvre (*), Gillet de Laumont (**) et Lefebvre d'Hellancourt (***) allaient pendant de longues années jouer un rôle prépondérant dans l'administration des mines. Nous dirons leur rôle spécial dans la création et le fonc-

tionnement de l'École. Comme membres de l'agence des mines, puis comme membres du conseil des mines, qui

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(*) Lelièvre, né à Paris le 28 juin 1752, mort le 18 octobre 1835, était entré à l'École des mines de Sage à la première promotion de 1783; le 24 juin 1784, il sortait breveté. Au moment de la réorganisation du corps, en 1794, avant d'être placé dans l'agence, il était chargé d'essais au laboratoire de la Monnaie, et faute de charbon il lui arrivait parfois de n'y pouvoir procéder;

mais son extrême habitude de la minéralogie lui permettait

souvent de faire connaître son opinion d'après les caractères minéralogiques de là substance. Son habileté pour la détermination des minéraux était exceptionnelle; Haüy, qu'il a beaucoup aidé à ce point de vue, s'est fait un plaisir de le reconnaître. Dès la réorganisation de l'Institut, en 1795, il fît partie de la classe des sciences mathématiques et physiques, et plus tard de l'Académie des sciences. (**) Gillet de Laumont, né à Paris le 28 mai 47e, mort à Paris en 1835, la même année que son collègue Lelièvre, était capitaine commandant aux grenadiers royaux, qu'il quitta en 178i

pour se livrer plus complètement à l'étude de la minéralogie avec les savants qui cultivaient alors cette science, et la même année il était nommé inspecteur des mines. Il a fait partie de la nouvelle Académie des sciences depuis sa création. (***) Lefebvre d'Hellancourt, né en 1759, mort le 9 janvier 1813,

allait entrer dans le génie lorsque fut créée, en 1783, l'École de Sage. Il fut de la première promotion de cette école avec son collègue Lelièvre; il en sortait breveté avec lui en 1784. On attribue à Lefebvre d'Hellancourt la rédaction des deux instructions ministérielles qui ont commenté les lois de mines des 28 juillet 1791 et 21 avril 1810; la première est la célèbre instruction signée par Chaptal, à la date du 7 juillet 1801 (18 messidor an IX), qui, on le sait, pour rendre applicable la loi de 1791, dut en donner une interprétation consistant presque en une trans-

formation; l'autre instruction, encore plus connue, est notre instruction du 3 août 1810. Peut-être trouverait-on dans cette communauté d'origine l'explication de certaines erreurs contenues dans l'instruction de 1810, qui donne parfois des règles exactes dans le système de la loi de 1791, mais inconciliables avec celui de la loi de 1810.

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remplaça l'agence, sous le Directoire, à partir de la loi du 22 octobre 1795 (30 vendémiaire an IV), ils ont tous

trois administré en réalité directement le département des mines jusqu'à ce que le gouvernement ait repris quelque autorité sous le Consulat; leur influence est ensuite restée prépondérante auprès de l'administration supérieure jusqu'à la réorganisation du service qui suivit la loi du 21 avril 1810 et le décret du 18 novembre 1810. Si à partir de cette réorganisation, ils n'ont plus eu une part aussi directe dans l'administration, ils ont conservé jusqu'au début du gouvernement de Juillet une influence prépondérante dans le conseil général des mines, et sur-

tout dans le conseil de l'École rétabli à Paris à partir de 1816, conseil qui, pendant toute cette période, administrait directement l'École. Lefebvre d'Hellancourt, mort en 1813, a été remplacé par Guillot-Duhamel fils, qui,

autant par lui-même que par les traditions qu'il tenait de son père, mérite d'être réuni à Lelièvre et Gillet de Laumont. Tous trois restèrent à la tête des deux conseils

jusqu'en 1832; Lelièvre, qui les présidait depuis leur création, et Gillet de Laumont se retirèrent à cette date, après y avoir siégé pendant 38 ans, et tous deux s'éteignirent, presque nonagénaires, dans la même année 1835. Tous ceux qui ont été à même de connaître ces trois ancêtres, de recueillir des témoignages directs et autorisés sur leur administration (*), ont été unanimes à proclamer le souci profond de la justice et l'intégrité scru-

puleuse avec lesquels, sans se laisser détourner par aucune influence étrangère, ils s'acquittèrent de leurs délicates fonctions au milieu des intrigues et des malver(") Voir Notices nécrologiques : de Lelièvre, par de Bonnard, Annales des mines, 4' série, t. VII; de Gillet de Laumont, par Héricart de Thury, Annales des mines, 3' série, t. VI.