Annales des Mines (1889, série 8, volume 15) [Image 256]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

470

L'ÉCOLE DES MINES DE PARIS.

ronet ; ce que celui-ci a su faire pour les ponts et chaussées, celui-là ne réussit pas à l'établir pour les mines. Leurs créations ont été très dissemblables et semblent chacune porter leur empreinte personnelle. L'un, doué d'un rare talent d'ingénieur et d'administrateur, était un homme d'une modestie peu commune ; l'autre fut un vaniteux d'assez courte science. Or, l'oeuvre qu'il avait tentée offrait des difficultés peut-être encore plus grandes que celles dont avait été chargé Perronet. Il est juste toutefois de reconnaître que les temps et les circonstances ont peu favorisé l'oeuvre créée par Sage. A peine l'École commençait-elle à fonctionner, tous les principes sur lesquels reposait, en France, le régime de l'exploitation des mines allaient être renversés. La loi si malheureuse du 28 juillet 1791, qui venait de livrer toutes les exploitations minérales au gaspillage des propriétaires du sol, avait absolument omis de poser la moindre indication sur la police des mines ; tout ce qui touchait à l'administration des mines était décentralisé et mis à peu près exclusivement dans les mains des directoires de départements. A quoi aurait pu servir une École des mines dans de telles conjonctures? Il fallait d'abord qu'on revint sur le mode d'interprétation et par suite d'application de la loi de 1791 pour qu'on sentît le besoin de sortir du chaos où l'on resta plusieurs années en fait d'exploitation de mines tant soit peu rationnelle. Comme en bien d'autres sujets, l'Assemblée constituante n'a fait que démolir ; il appartenait à la Convention et au Directoire d'édifier à nouveau. traie des travaux publics, qui devait devenir l'École polytechnique, a jugé d'une façon assez sévère l'École de Sage, peut-être même plus sévèrement qu'elle ne méritait de l'être. Fourcroy avait, en effet, une forte prévention contre Sage, qui l'a accusé

d'être l'auteur de son incarcération sous la Convention (Mémoires historiques et physiques, 1817, p. 71).

NOTICE HISTORIQUE.

47!

CHAPITRE III. L'ÉCOLE DES MINES A L'HOTEL DE MOUCHY.

(1794 1802).

Le Comité de Salut public, dans son désir d'utiliser toutes les ressources dont la France pouvait disposer pour sa défense, n'avait pas perdu les mines de vue. A la commission des armes et poudres ressortissait spécialement tout ce qui touchait à leur exploitation. Par sa situation au milieu des puissants du jour, Hassenfratz (*) jouissait d'un grand crédit auprès du Comité (*) Nous avons déjà rencontré Hassenfratz mêlé, à titre relati'vement secondaire, à l'École de Sage. A l'époque où nous sommes

.arrivé son rôle prend une réelle importance, et il convient de faire plus ample connaissance avec lui. Né à Paris le 20 décembre 1755, mort le 26 février 1827, Hassenfratz s'était adonné de bonne heure à l'étude de la chimie et avait été, ainsi que Adet, que nous retrouverons à l'agence des mines, préparateur dans le laboratoire de Lavoisier. Sous-inspecteur des mines en 1785, il publiait en 1787, avec Adet, une nouvelle notation chimique à la suite de la nomenclature de Guyton de Morveau, Lavoisier, Fourcroy et Berthollet. Dès le début de la

Révolution, Hassenfratz se lança avec ardeur dans les idées

.nouvelles. Membre du club de 1'789, puis membre important du

club des Jacobins, il fut un intime de Danton et prit une part active à la journée du 10 août 1792. Il a siégé dès le début à la ,Commune de Paris, dont il fut un des membres relativement modérés. En 1792, il était chargé, sous Bouchotte, comme premier commis, de la direction du matériel de la guerre. Entré dans le corps des mines comme inspecteur à la reconstin -talion de 1794, il devait, à l'ouverture des cours de l'École des mines, donner des leçons de coupe des pierres et des bois et professer la minéralogie et la géographie physique. Mais le jacobin

dominait chez lui, et il quitta ses élèves pour diriger les faubourgs contre la Convention aux journées des 12 germinal et -1" prairial an III (1" avril et 20 mai 1795). Renvoyé devant le