Annales des Mines (1889, série 8, volume 15) [Image 255]

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L'ÉCOLE DES MINES DE PARIS.

ments aux officiers des mines alors existants, y compris les élèves (*).

Telles sont les circonstances dans lesquelles s'éteignit en fait, en tant qu'institution d'enseignement, sans avoir été jamais légalement supprimée (**), l'École fondée par jeté Sage. Lui-même n'allait, du reste, pas tarder à être respecté en prison ("). L'établissement fut matériellement et les collections laissées intactes. Sous la Convention, le comité des finances avait bien prescrit leur transfert au Muséum; mais il n'y fut pas donné suite à cause apparemment des contestations qui s'élevèrent sur leur répartition entre le Muséum d'une part, l'École polytechnique et l'agence des mines, d'autre part, qui tous en réclamaient une partie pour leurs collections. Dès le début du Consulat, Sage était rétabli à la Monnaie au milieu de sa collection, et tous les Almanachs, depuis celui de l'an X jusqu'à celui de 1824, année de sa mort, contiennent une notice sur le Musée des mines à la Monnaie, où l'on reconnaît bien la plume dithyrambique de Sage, dès qu'il parlait de lui; la notice descriptive se termine par la mention : Sage, administrateur et professeur. Quel cours pouvait-il faire et quels auditeurs pouvaient le fréquenter? C'est ce qu'il serait bien inutile de rechercher. A_ la mort de Sage, en 1824, l'État revendiqua, comme lui appartenant en vertu de la cession faite au roi, moyennant pension, tous les minéraux, roches et objets décrits (*) L'Almanach royal de 1799 contient, comme les précédents, la mention des cinq inspecteurs généraux des mines et la notice des almanachs antérieurs relative à l'Ec,ole des mines de la Monnaie. (*") C'est pourquoi Sage, en 1894, se parant encore du titre de professeur que personne ne songeait à lui discuter, se prévalait d'un enseignement à peu près ininterrompu, suivant lui, pendant près d'un demi-siècle. (**") « Je ne parvins à obtenir la vie et la liberté qu'en donnant 1.000 louis. u (Sage, Origine de la création de l'École royale des mines, br., 1813, p. 5.)

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NOTICE HISTORIQUE.

dans le Catalogue édité et imprimé en

1787;

l'État con-

sentit à laisser aux héritiers Sage tous les autres objets placés dans les collections, et que rien de particulier n'établissait être propriété domaniale. L'École des mines

de Paris, à laquelle cette collection paraissait devoit revenir en entier à raison de son origine, reçut en 1825, à la suite de longues contestations, 3.000 objets, après

que le Muséum eut été admis à prélever 466 échantillons, malheureusement pour l'École, choisis dans le peu que le cabinet de Sage contenait comme ayant une valeur

scientifique. Les collections étaient faites à l'image de celui qui les avait formées, plus en surface qu'en profondeur, plus en objets de montre et d'apparat qu'en échantillons utiles à la science (*). Les renseignements que nous avons donnés sur l'École

de Sage montrent tout d'abord qu'elle n'a guère fonctionné comme l'avait prévu l'arrêt du Conseil de 1783. Au lieu d'un enseignement de trois ans, la plupart des élèves n'ont reçu d'enseignement que pendant un an; cet enseignement paraît, d'autre part, avoir été très rudimentaire et surtout peu fortifié par l'étude sur place des bien qu'il en mines et usines. Aussi s'explique-t-on soit sorti quelques membres distingués de notre premier corps des mines, y ayant occupé les plus hautes situations que l'École de Sage n'ait pas joui d'un grand renom auprès des contemporains (**). Sage n'était pas un Per(*). Parmi les objets venus du cabinet de la Monnaie, se trouve à l'Ecole des mines le buste en bronze de Sage, par Ricours,

reste fort beau, qui se voit aujourd'hui dans la collection de minéralogie, sur son ancien piédestal, couronné par l'inscription discipulorum pignus amoris. Monnet élève quelques doutes sur la spontanéité mise parles élèves à offrir ce buste à leur directeur. (**) Nous ne faisons pas là allusion à Monnet, qui naturelle-

ment déclare que les élèves ne savaient rien et ne pouvaient se placer dans l'industrie; pour Monnet, des élèves de Sage et de Guillot-Duhamel ne pouvaient être que des ignares. Mais Fourcroy, dans son rapport du 3 vendémiaire an III sur l'École cen-