Annales des Mines (1888, série 8, volume 13) [Image 274]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

506

NOTICE NÉCROLOGIOUE SUR L. E. GRUNER.

tion des combustibles minéraux ont été l'objet des études

de G-runer. Il ne s'est occupé, il est vrai, de la fabrication du coke que d'une manière incidente, mais il a consacré à celle des agglomérés un mémoire important, publié en 1864 dans les Annales des Mines (6e série, t. VI).

Ce mémoire contient une description fort complète des divers systèmes employés à cette époque pour réaliser

l'agglomération et une discussion approfondie de la valeur de ces divers systèmes. Les principaux travaux métallurgiques de Gruner ont eu pour objet la métallurgie du fer, et c'est la théorie de l'affinage de la fonte qu'il a abordée la première. A l'époque où il a commencé ses études sur ce sujet, l'industrie sidérurgique allait entrer dans une période de transformation radicale. La substitution du puddlage au travail au bas foyer, complète depuis longtemps en An-

gleterre, n'était encore que partielle en France et en Allemagne, mais elle allait s'y compliquer de variantes inconnues à la méthode anglaise primitive. Habitués aux qualités supérieures que fournissaient tout naturellement les anciennes forges au bois, les consommateurs du continent acceptaient difficilement, pour un grand nombre d'usages, les fers de qualité inférieure obtenus par le puddlage : il y avait donc un intérêt considérable à améliorer les produits de cette dernière méthode, tout en lui conservant autant que possible ses avantages d'économie et les facilités relatives qu'elle donnait pour obtenir de grosses pièces de forge. Les recherches dans ce sens paraissent avoir commencé vers 1835 en Carinthie ; dix ans plus tard, le problème était résolu dans la Loire et on obtenait à Saint-Chamond des fers à grains, légèrement aciéreux, par le puddlage de fontes de Franche-Comté. On ne tarda pas à aller plus loin et à obtenir au' four à puddler de véritable acier ; ce nouveau progrès, réalisé en Westphalie vers 1850, se répan-

NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR L. E. GRUNER.

507

dit bien vite dans un grand nombre d'usines. Le puddlage pour acier, après une période de développement considérable, ne devait pas tarder à s'effacer à son tour de-

vant des méthodes plus économiques et plus rapides, mais il n'en avait pas moins constitué à son heure un sérieux progrès industriel. Dans un mémoire sur cette question, publié en 1859 dans les Annales des Mines (5e série, t. XV), Gruner précisa les conditions pratiques

qu'il fallait réaliser pour obtenir au four à puddler de l'acier ou du fer à grain fin et présenta une théorie de l'opération. Il fit voir que la production de l'acier exigeait l'emploi de fontes manganésifères, et que pour y réuissir il fallait modérer la réaction oxydante, essentielle à l'affinage, et travailler en présence de scories très fluides, manganésifères, dont la composition se rapprochât de celle d'un silicate bibasique. Incidemment il contribuait dans ce travail, ainsi que dans une note publiée en 1857 dans le Bulletin de l'industrie minérale, à compléter la véritable théorie du puddlage, déjà établie par les travaux de M. Calvert et de M. Lan. La création du puddlage pour acier n'était qu'un progrès, celle du procédé Bessemer fut une véritable révolution métallurgique. L'idée, à la fois simple et hardie, de substituer aux anciennes méthodes d'affinage, lentes, pénibles et dispendieuses, l'insufflation de l'air à haute pression dans la fonte à l'état liquide, fut communiquée au public, pour la première fois, en avril 1856, dans la réunion de l'Association britannique pour l'avancement des sciences, tenue à Cheltenham. Elle rencontra au premier abord une incrédulité générale, et il faut bien reconnaître

que cette incrédulité avait quelque fondement. L'idée de réaliser l'affinage de la fonte liquide en y insufflant de l'air froid paraissait absolument paradoxale à cette épo-

que, et elle était en effet peu pratique avec les fontes à faible teneur en silicium, presque exclusivement carbu-