Annales des Mines (1888, série 8, volume 13) [Image 273]

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NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR L. E. GRUNER.

en principes volatils, et les houilles sèches, très riches en gaz, parce que les unes comme les autres ne présentaient

pas cette propriété de s'agglomérer au feu, qui caractérise les houilles grasses. V. Regnault avait déjà fait, il est vrai, une tentative importante pour arriver à une classification plus scientifique, mais ses Recherches sur les combustibles minéraux,

publiées en 1837 dans les Annales des Mines, avaient laissé subsister bien des obscurités, parce que les indications données par l'analyse élémentaire, base de ce travail considérable, ne sont pas de nature à permettre de grouper d'une manière naturelle l'ensemble des combustibles minéraux. Gruner reprit la question dans deux mémoires publiés dans les Annales des Mines, l'un en 1852 (50 série, t. II),

l'autre en 1873 (7° série, t. IV). Il montra que l'analyse immédiate donnait à ce point de vue des résultats beaucoup plus satisfaisants que l'analyse élémentaire, et que la proportion relative du coke et des matières volatiles provenant de la distillation d'un combustible supposé privé de cendres était la meilleure base de classification. Le rapport entre les quantités d'hydrogène d'une part, d'oxygène et d'azote d'autre part, contenues dans un combustible, est un élément auxiliaire qui concorde généralement avec le précédent. Gruner est arrivé ainsi à constituer dans la série des houilles les divisions suivantes 1° Houilles sèches à longue flamme ; 2° Houilles grasses à longue flamme ; 3° Houilles grasses ordinaires ou charbon de forge ; 4° Houilles grasses à courte flamme ou charbon à coke ; 5° Houilles maigres ou anthraciteuses.

Pour obtenir la série complète des combustibles fossiles, il convient de placer avant le premier terme les tourbes, les bois fossiles et les lignites, après le dernier l'anthracite et le graphite.

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Dans son deuxième mémoire sur cette question, Gruner put ajouter aux indications précédentes celles qui dérivaient des études de MM. Scheurer-Kestner et Meunier sur le pouvoir calorifique des houilles. Il montra que ce pouvoir présentait un maximum dans la catégorie des houilles grasses à courte flamme, à laquelle appartiennent d'ailleurs les charbons les plus réputés depuis longtemps au point de vue spécial de la production de vapeur il fit voir en même temps que la composition élémentaire d'une houille ne permettait pas de se rendre compte a priori de son pouvoir calorifique et que l'analyse élémentaire donnait, à ce point de vue, des indications beaucoup plus

Un point fort important aurait été l'établissement d'une relation entre la composition des diverses bouilles et leur âge géologique ou leur situation dans un bassin déterminé ; malheureusement la question ainsi posée n'a pu être résolue jusqu'ici. On peut bien dire d'une manière

générale que les combustibles minéraux sont d'autant plus pauvres en principes volatils que leur époque de formation est plus reculée, mais cette règle comporte de nombreuses exceptions dans un même bassin, ainsi que Gruner l'a montré pour la Loire, et elle n'a qu'une portée

encore plus incertaine et plus vague lorsqu'il s'agit de formations notablement distantes les unes des autres, au point de vue géologique ou au point de vue topographique. Parfois les variations de composition se produisent à petite distance dans une même couche, ainsi que Gruner a eu l'occasion de le montrer dans les bassins d'Ahun et de'Saint-Étienne. La question reste donc fort obscure ; il semble que l'influence de la nature des végétaux qui ont contribué à former la houille et celle des actions métamorphiques locales aient prédominé souvent sur celle qu'on peut attribuer à l'âge du dépôt. Les industries diverses qui se rattachent à l'élabora-