Annales des Mines (1888, série 8, volume 13) [Image 272]

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NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR L. E. GRUNER.

été maxima vers le centre, près de la ville de SaintÉtienne. Ce mouvement n'a pu se produire que grâce à l'ouverture d'une grande faille correspondant à la limite sud-est du terrain houiller, au pied du Pilat; l'affaissement du gneiss au nord-ouest de cette faille a donné lieu

à une dépression lacustre qui a été progressivement comblée par les dépôts houillers. Le mouvement s'est continué après la formation du terrain houiller; il en a étiré les couches le long de la faille limite et il a provoqué en outre la formation de failles soit longitudinales, soit surtout transversales. Ce phénomène est tout à, fait analogue à celui que Gruner avait signalé dans le bassin d',.4hun et on pourrait le constater dans un grand nombre de bassins houillers de faible étendue. En somme Gruner a fait beaucoup pour le progrès de la géologie ; il y a introduit des idées nouvelles en matière de classification des roches éruptives et des filons ; il a laissé dans ses descriptions des bassins houillers de

la Creuse et de la Loire des modèles d'observation patiente et judicieuse. Mais ses études métallurgiques ont eu une portée peut-être plus considérable encore,

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même du bois simplement torréfié au charbon noir employé depuis longtemps dans la fabrication de la fonte ; il avait proposé une modification spéciale de la carbonisation en forêt, en vue d'obtenir du charbon roux. Mais

les espérances que l'on avait fondées à l'origine sur l'emploi de ce charbon ne se réaliSèrent pas et la méthode de carbonisation proposée par Gruner ne paraît pas avoir été expérimentée. A partir du moment où il eut entrepris la préparation de la carte géologique de la Loire, Gruner négligea nécessairement un peu les études métallurgiques auxquelles il de-

vait revenir avec tant d'éclat par la suite. Il ne perdit cependant pas complètement de vue les questions chimiques, ainsi que le prouvent les comptes rendus de ses tra-

vaux au laboratoire de Saint-Étienne, insérés dans les Annales des Mines en 1811, 1842, 1813, 1844, 1846, 1848 et 1856. Ces comptes rendus comprennent un grand

nombre d'analyses de minerais et de produits de toute nature et de toute provenance et présentent assez sou-

La métallurgie avait été l'objet de ses premiers tra-

vent un véritable intérêt scientifique. Parmi les analyses les plus intéressantes nous devons citer celle d'un silicate ferrifère de la famille des pyroxènes et des amphiboles, découvert par Gruner dans une roche des montagnes des Maures

vaux; de ses voyages d'études, il avait rapporté des notes intéressantes qui furent insérées dans les tomes V, VI, VII et IX de la 3° série des Annales des Mines; la dernière, relative au traitement des minerais auro-argentifères dans le district de Schemnitz contient des rensei-

et désigné plus tard par Dana et Rammelsberg sous le nom de Grunérite. Mais ce qui fait le principal intérêt de ces comptes rendus, c'est qu'on y retrouve les origines d'une des études les plus importantes de Gruner, celle relative aux propriétés caractéristiques des combustibles

gnements fort complets sur la méthode de désargentaton des 'nattes par imbibition, telle qu'elle se pratiquait

minéraux.

ainsi que nous allons le voir.

alors en Hongrie.

La classification de ces combustibles était restée longtemps vague et confuse ; la seule distinction bien nette

Dans une courte note, publiée en 1838 dans les An-

que l'on eût établie entre eux dépendait de la facilité

nales des Mines, Gruner avait touché incidemment à une

plus ou moins grande avec laquelle s'aggloméraient leurs fragments portés à une température suffisamment élevée. On confondait souvent les houilles maigres, pauvres

question qui intéressait vivement les métallurgistes à cette époque, celle de la substitution du charbon roux ou