Annales des Mines (1888, série 8, volume 13) [Image 271]

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NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR L. E. GRUNER.

NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR L. E. GRUNER.

A l'origine des études de Gruner, on n'avait pas de données précises sur lés relations stratigraphiques qui pouvaient exister entre les diverses couches de houille exploitées dans le bassin de la Loire ; on admettait, par

stratigraphie qu'il a eu recours, et à ce point de vue son ouvrage est un type de critique et d'induction sagaces. Les difficultés de raccordement des diverses couches exploitées étaient considérables. A l'inverse de ce qui se passe dans le bassin houiller du nord de la France, où la puissance des veines et leurs intervalles varient peu, les couches du bassin de Saint-Étienne s'amincissent et se renflent successivement de la manière la plus brusque; la nature et la puissance des strates intermédiaires varient aussi très rapidement. Ces variations fréquentes semblent démontrer que les conditions où les dépôts de combustible se sont formés étaient toutes différentes dans

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exemple, que les exploitations de Saint-Étienne portaient sur une formation houillère absolument indépendante de celle de Rive-de-Gier. Les premières études de Gruner le conduisirent à admettre que les couches de Rive-de-Gier étaient inférieures à celles de Saint-Étienne; dès 1847, dans une notice spéciale publiée dans l'Annuaire du dé-

partement et dans une carte à petite échelle, il avait pu indiquer les traits généraux de la constitution du bassin. Celui-ci commence par une brèche stérile, à éléments souvent très volumineux, sur laquelle repose le système de Rive-de-Gier. Puis vient un étage stérile très puissant,

dit de Saint-Chamond, sur lequel s'appuie le système principal de Saint-Étienne. La plupart des couches exploitables se trouvent dans la partie inférieure et moyenne de celui-ci; les couches supérieures, dites du bois d'Aveize, ne se montrent que sur une étendue superficielle assez restreinte et avec une richesse fort irrégulière. La série se termine par un étage puissant de grès stériles, passant au terrain permien. Des études paléontologiques récentes, dues principalement à M. Grand'Eury, ont permis de rattacher le bas-

sin houiller de la Loire à l'ensemble de la série stratigraphique; elles ont montré qu'il appartenait tout entier à la période houillère supérieure. Gruner a utilement tiré parti des indications fournies par les débris végétaux qui abondent dans la plupart des niveaux du bassin; ces indications ont permis d'élucider certaines questions, restées obscures jusqu'au moment où l'on a pu recourir à cette méthode nouvelle d'investigation. Mais c'est surtout à la

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le centre de ce qu'elles ont dû être dans le nord de la France; il est probable que le charriage des débris végétaux a dû jouer un rôle considérable dans la formation des couches dans le centre de Saint-Étienne et que le bassin primitif où elles se déposaient était profond, à parois abruptes, alimenté par des cours d'eau à régime torrentiel, tandis que dans le Nord la houille se serait déposée dans'

des lagunes peu profondes, abritées contre les courants. Outre l'irrégularité primitive des couches, on constate dans le bassin de Saint-Étienne des dérangements considérables dus à des failles, les unes planes, minces et régulières, les autres ondulées et remplies de débris sur une grande épaisseur; la différence entre ces deux catégories d'accidents paraît tenir essentiellement à l'amplitude du rejet, beaucoup plus considérable pour les failles de la deuxième catégorie que pour celles de la première. L'étude des dislocations de tout genre du bassin de SaintÉtienne fait l'objet d'un remarquable chapitre de l'ouvrage de Gruner ; il y admet que l'origine même du bassin et ses dérangements divers se rattachent à un même phénomène, un affaissement continu du sol qui se serait prolongé pendant une très longue période et dont l'amplitude, nulle vers les deux extrémités du bassin, aurait Tome XIII. 1888.

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