Annales des Mines (1888, série 8, volume 13) [Image 270]

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NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR L. E. GRUNER.

NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR L. E. GRUNER.

distincts ; celui qui est situé à l'ouest, près de Bourga-

neuf, se décompose en trois petits bassins, ceux de Bosmoreau, Bouzogles et Mazuras ; le groupe de l'est comprend le bassin d',.4hun et le petit bassin de SaintMichel de Vesse. Sur cet ensemble les bassins de Bouzogles, de Mazuras et de Saint-Michel paraissent inexploi-

tables; le bassin de Bosmoreau ne contient que des houilles anthraciteuses, ce qui diminue beaucoup son importance industrielle. Le bassin d'Ahun est le seul qui donne lieu à une production importante. Le terrain houiller de la Creuse repose directement sur un massif ancien formé, d'une part, de granite à deux

micas, de gneiss et de micaschistes, d'autre part, d'un granite à mica noir, d'origine éruptive, qui occupe dans la région une surface considérable. De nombreux filons de pegmatite recoupent cet ensemble et l'imprègnent de mica blanc à leur voisinage.

Il existe bien dans la Creuse divers lambeaux de grauwacke carbonifère, mais là, comme dans la Loire. ce terrain est absolument indépendant du terrain houiller. Il a été recoupé d'abord par des porphyres granitoïdes qui y ont développé des poudingues et des grès porphyriques, ensuite par des porphyres quartzifères analogues à ceux de la Loire. Le terrain houiller a été traversé lui-même par de nombreux filons de roches éruptives, à Bouzogles et à Mazuras par les eurites quartzifères, à Ahun par des roches

trappéennes qui se sont étalées en coulées contemporaines de la formation. Ces dernières roches, étudiées avec détail par Gruner dans une note communiquée à la Société géologique de France le 20 novembre 1885, ont été depuis rapprochées des mélaphyres par MM. Fouqué et Michel Lévy. La formation de la Creuse appartient à la partie supé-

rieure du terrain houiller , ainsi que l'avait indiqué

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M. Gruner, dont l'opinion a été confirmée par les études

récentes sur ce sujet; elle est caractérisée par l'abondance des débris de fougères. Néanmoins les dombustihies qu'elle contient sont relativement pauvres en matières volatiles. Sa puissance est d'ailleurs médiocre ; à Ahun, où les schistes et grès avec couches de houille sont compris entre une masse de poudingues à la base et des grès stériles au sommet, elle ne dépasse pas 500 mètres; à Bosmoreau, où manquent les poudingues de la

base, elle n'est que de 300 mètres environ. L'un et l'autre bassin ont été dérangés par des failles impor-

tantes; celui d'Ahuri, le mieux connu des deux, est limité à l'est par une faille dont l'origine primitive doit remonter à la formation même du terrain houiller, mais dont le développement complet ne s'est effectué qu'à une date postérieure. Il y existe en outre un certain nombre d'autres dislocations de moindre importance, les unes longitudinales, les autres transversales, qui compliquent très notablement le problème du raccordement des couches reconnues.

Le passage de Gruner dans la résidence de Poitiers lui avait donné l'occasion de préparer la description des bassins de la Creuse ; son retour à Saint-Étienne, en 1852, lui permit de reprendre ses travaux sur le bassin houiller de la Loire, commencés dès 1835. Il comptait en publier

le résultat aussitôt après avoir fait paraître la description géologique du reste du département, mais le manque de fonds obligea l'administration à ajourner l'impression du travail. Ce fut seulement en 1879 que Gruner put reprendre utilement sa tâche et compléter son travail primitif en tenant compte des découvertes faites depuis sa rédaction première soit au point de vue stratigraphique, soit au point de vue paléontologique ; la publication de l'ouvrage et du grand atlas qui l'accompagne eut lieu en 1882.