Annales des Mines (1887, série 8, volume 12) [Image 274]

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NOTE SUR L'EMPLOI DE L'AIR COMPRIMÉ

POUR LE PERCEMENT DES LONGS TUNNELS.

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Rome, 30 novembre 1871.

« Très honoré Monsieur, §

Le percement du Fréjus est maintenant un fait heureusement accompli. Le gouvernement italien ne peut faire moins que de s'empresser de montrer sa reconnaissance à ceux qui ont facilité cette entreprise colossale

par leur génie et leurs études. Pour atteindre ce but, il ne pouvait oublier les mérites que vous vous êtes acquis par vos publications scientifiques, et spécialement par celles relatives à l'emploi de l'air comprimé pour l'excavation des galeries. Par ces motifs, je me suis hâté de me mettre d'accord avec mes collègues du. ministère pour vous signaler à la considération royale comme un des hommes illustres dignes d'une marque honorifique pour le concours que vous avez prêté à rceuvre grandiose du Fréjus. Cette proposition fut aussitôt accueillie avec la

faveur qu'elle méritait par Sa Majesté, qui, dans l'audience du 17 du mois courant, vous a déféré le grade équestre de commandeur de l'ordre des Saints-Mauriceet-Lazare. Ayant rempli le devoir agréable de vous transmettre les décisions royales, je me trouve honoré de vous envoyer le diplôme et les insignes du. grade, en souhaitant que cette distinction honorifique soit considérée par vous comme un juste hommage que le gouvernement italien rend au génie et aux hautes connaissances qui vous distinguent. Je profite bien volontiers de cette circonstance favorable pour vous exprimer l'assurance de ma considération distinguée. « Le Ministre, « (Signé :) Q. SELLA. »

II.

CONSTRUCTION DES POMPES A GRANDE VITESSE DU SYSTÈME COLLADON.

Ces pompes sont figurées dans la Pl. XV, fig. 11, et pour faire mieux comprendre leur puissance relative à côté de celles, soit du bélier compresseur, fig. 9, soit des pompes à piston d'eau, fig. 10, j'ai reproduit dans la même plan-

che les trois systèmes à la même échelle, avec l'indication des volumes d'air comprimé pour chacun de ces

trois systèmes de moyens de compression. On peut voir de suite par l'inspection de cette planche l'Énorme volume d'un bélier tel qu'il était construit à Modane, sa complication et la possibilité des graves accidents causés à Bardonnèche, où ils ont travaillé un peu plus d'un an et demi. Du côté de Modane, ils n'ont pas même fonctionné ; ils y avaient été construits et montés, mais lorsqu'on a voulu les mettre en train en élevant de l'eau pour la faire retomber dans les béliers, on n'obtenait pas le quart de la puissance disponible sur les premiers moteurs.

Ce système, à Modane, se composait comme suit I° Béliers (fig. 9). S est une machine à air comprimé qui commande le jeu des soupapes A et B. Cette machine à air est pourvue d'un volant D et d'une roue-poulie de plus petit diamètre E, sur laquelle s'enroule la courroie ZZ', qui fait tourner un pignon denté E'. Ce pignon en-

grène la roue dentée F, laquelle porte un excentrique qui commande les deux balanciers KK' et II'. Ces balanciers font ouvrir et fermer les deux soupapes A et B, qui doivent s'ouvrir brusquement, rester un moment immo-

biles et se refermer. Le mouvement de ces soupapes est contraire ; quand A' s ouvre, la soupape B se ferme, et l'inverse a lieu de même. Tome XII, 1887.

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