Annales des Mines (1887, série 8, volume 12) [Image 273]

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NOTE SUR L'EMPLOI DE L'AIR COMPRIMÉ

POUR LE PERCEMENT DES LONGS TUNNELS.

indiqué par M. Colladon. Nous y lisons : « La transmis. cc sion de l'air comprimé à de grandes distances était le point délicat de la grande entreprise... M. Colladon, se basant sur de nombreuses expériences qu'il avait faites en avril 1852, avec une conduite de 0ni,176 cc

diamètre et de 500 mètres de longueur,

annonçait,

dans un mémoire qu'il joignit à sa demande de brevet, que les coefficients de résistance adoptés jusqu'alors pour le mouvement des gaz dans les conduites nettes à l'intérieur, étaient trop forts et devaient être réduits de moitié à fort peu près. » « Nous devons donc constater ici que nos expériences Viennent confirmer le résultat annoncé déjà en 1852 par M. Colladon, en ce sens que les pertes de charges que nous avons observées sont d'environ les deux tiers de celles qu'on déduit des formules de Girard, d'Aubuisson et Pecqueur, et de la moitié de celles d'Arson, qui ne se vérifieraient qu'à des pressions d'un 70° d'atmosphère.) Ces expériences de M. Stockalper (*) ont été effectuées

sur une échelle colossale, qu'on ne retrouvera

pas de

bien longtemps, et il a opéré avec toute l'intelligence et les soins nécessaires. En effet, il avait, pour calculer la quantité d'air fournie par seconde par mes compresseurs, un réservoir du volume exceptionnel de 166 mètres cubes, et, pour la conduite de 20 centimètres de diamètre, l'énorme longueur de 4.600 mètres, c'est-à-dire plus d'une lieue parfaitement en ligne droite. Il avait, sur cette longueur, six manomètres de Bour(*) M. E. Stockalper, de Sion en Valais, est un ingénieur qui s'est beaucoup occupé des tunnels; il a fait entre autres les premières études d'un tunnel du Simplon, et son projet révisé est celui qui paraît devoir être adopté. Je devais participer à cette expérience, mais j'ai été empêché par une grave indisposition.

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don, dont chacun pouvait indiquer 1/20° d'atmosphère. Il a opéré sous trois pressions motrices.

Voici le résumé de ces trois pressions et la perte à 4.600'n à compter de l'entrée du tunnel

1° À la pression mesurée à l'entrée du tunnel de 5'1,60. A 4.600 mètres, la pression finale était de 5a1n1,24 ; la perte de pression était Oatm,36

2° A la pression mesurée à l'entrée du tunnel de 4"r°,35, la tension finale était de em,13 ; différence ou perte de pression 0'2,22

3° A la pression mesurée à l'entrée du tunnel de 3atm,84, la tension finale était de 3a1m,65 ; différence ou perte de pression 0"m,19. M. Stockalper conclut en disant « Si les expériences sur lesquelles se base le résultat que nous énonçons ne présentent pas toute la précision d'une expérience de physique, précision que la non-interruption de la marche de nos travaux ne nous permettait

pas d'atteindre, nous estimons par contre que, vu la longueur de 4.600 mètres de la conduite de 20 centimètres, la hauteur des pressions, les quantité et vitesse de l'air comprimé et la durée des observations, ces expériences présentent le caractère d'un véritable essai industriel. »

Le ministère italien m'a adressé le 30 novembre 1871, par l'intermédiaire d'un savant éminent, M. Q. Sella, alors

ministre des finances, la lettre suivante, qui complétera les faits précédents. Voici la traduction exacte de cette lettre, d'après le texte italien vérifié sur l'original et dûment légalisé par le consul italien à Genève