Annales des Mines (1887, série 8, volume 11) [Image 52]

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NOTE SUR UN ACCIDENT

à l'écoulement du gaz, mais aussi et surtout celui du ventilateur qui tournait avec une grande vitesse et qui chassait encore de l'acide carbonique presque pur deux heures et demie après l'accident; neuf heures après, l'air qui sortait de la cheminée de cet appareil en renfermait encore une très notable proportion. Toutefois, on peut arriver à déterminer un chiffre minimum de ce volume en cubant les travaux qui ont été envahis en 20 minutes au plus, au point que l'atmosphère était irrespirable :on obtient ainsi le chiffre de 16.600 mètres cubes. Ainsi donc au moins 16.600" de gaz subitement dégagés, 117 mètres de galerie remblayés, projection de houille grenue atteignant 136 mètres, 400 tonnes de charbon broyé et

projeté, 5 ouvriers asphyxiés dans les travaux supérieurs, tel est le bilan de ce terrible coup d'acide carbo-

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nique. Les couches de houille des mines de Rochebelle sont con-

nues pour renfermer de l'acide carbonique comme d'autres du grisou. Il existe entre les conditions de gisement dans ces couches et de dégagement de l'acide carbonique et du grisou une similitude si frappante, que l'on est en droit de se demander si cette ressemblance n'existe pas aussi dans l'origine et le mode de formation de ces deux gaz. Or, on sait que, d'après une hypothèse généralement admise, le grisou serait contemporain de la formation de la couche de houille et serait le résultat de la décomposition des débris des végétaux constitutifs de la houille sous l'action de la chaleur de la pression et de l'humidité.

En outre, en présence des phénomènes si puissants et si extraordinaires d'expansion que nous ve-nons de rela-

ter, on est amené à rechercher sous quel état l'acide

carbonique se trouve dans les couches à dégagement instantané. On connaît les dégagements instantanés de grisou qui

SURVENU AU PUITS DE FONTANES.

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se produisent dans les mines belges ; ces accidents ont donné lieu de la part de M. Arnould, ingénieur principal du corps des -nines belge, à une très intéressante étude dans laquelle il émet l'opinion que le grisou se trouve à l'état liquide dans la houille. La violence des phénomènes qui se manifestent dans les dégagements instantanés de Fontanes, l'énormité du

volume du gaz qui fait subitement irruption dans ces mines, l'élévation très considérable de sa pression dénotée par la projection de grandes quantités de houille, permettent de penser qu'il en est de l'acide carbonique comme du grisou et que s'il est admis que ce dernier gaz peut exister dans la masse charbonneuse à l'état de vésicules liquides, il n'y a pas de motifs pour ne point émettre la même hypothèse au sujet de l'état sous lequel l'acide carbonique existe dans les couches de Fontanes.

Il est intéressant de constater qu'à Fontanes comme en Belgique, c'est sur les points où la couche est accidentée par suite du voisinage d'une faille , ou par un changement de pendage que les phénomènes de dégagement instantané se produisent. La coupe de la galerie Sainte-Barbe indique bien la nature très tourmentée du terrain qu'elle traverse et montre que la couche affectait la forme d'une selle à l'avancement. Il est également intéressant de constater qu'ici comme là, les couches à dégagements instantanés renferment du charbon daloïde.

Nous avons recherché si la faille contre laquelle le dégagement du 3 novembre a eu lieu n'avait joué aucun rôle dans l'accident du 28 juillet 1879; pour cela, le plan

de cette faille, supposée d'inclinaison régulière, a été prolongé jusqu'à la rencontre des travaux effectués au niveau 246. (Pl. IV, fig. 1 et 2.) La construction géométrique faite dans ce but montre

que 'cette faille passerait précisément à l'extrémité ou