Annales des Mines (1886, série 8, volume 10) [Image 281]

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516 RAPPORT SUR L'EXPLOSION D'UNE CHAUDIÈRE

A L'ÉCLUSE DE BOUGIVAL.

rement. Une d'entre elles à droite, cinq groupées à côté l'une de l'autre à gauche et en bas vers l'arrière, présentent sur leurs cassures des traces de tartre qui prouvent

que leur rupture est antérieure à l'explosion (fig.

6).

Les autres présentaient des cassures vives et nettes. C'est dans la partie de la face latérale gauche du foyer, correspondant aux cinq entretoises antérieurement rompues, que s'est produit l'enfoncement maximum signalé plus haut. Les tôles ont partout conservé leur épaisseur normale; la dichirure à lavant est plus vive et moins étirée qu'à l'arrière.

Essais des tôles. M. Léon Lévy a fait essayer, dans les ateliers des chemins de fer de l'Est, deux barreaux (d'une longueur utile de 10 centimètres), prélevés dans le berceau de l'enveloppe extérieure. Sens

du laminage.

Charge de rupture par millimètre carré. 351 Allongement proportionnel p. 100. . . . 19 p. 100

En travers.

29k,3

15p.100

Les résultats obtenus, quoique peu nombreux, indiquent une tôle de très bonne qualité.

,11

Conclusions de l'Ingénieur ordinaire. En terminant, M. Léon Lévy croit devoir discuter l'hypothèse d'un défaut d'alimentation ; M. le garde -mines Cuvillier avait appelé son attention sur la déposition de plusieurs témoins qui ont constaté que le fragment projeté était resté

brûlant pendant plusieurs minutes et présentait des taches violacées, rappelant celles que produisent les

É

517

L'hypothèse d'un excès de pression était beaucoup plus plausible ; les soupapes de sûreté n'ont pas été retrouvées ; mais les survivants et l'un des propriétaires

M. Commartin , nient absolument toute surcharge intentionnelle; pour eux, la pression au moment de l'accident ne devait pas dépasser 8 kilogrammes. Il est constant que les joints, le long du cadre inférieur, fuyaient habituellement. Le mécanicien a même signalé cette avarie, au départ, à M. Commartin, qui lui aurait répondu qu'on la corrigerait à l'arrivée à Paris. M. Léon Lévy fait en outre remarquer que les entretoises étaient trop faibles et trop espacées ; aux ateliers des chemins de

fer de l'Est, et pour des pressions analogues, on ne les espace que de 10 centimètres et on leur donne un diamètre de 25 millimètres, tandis que clans l'espèce, ces deux dimensions étaient respectivement de 20 centimètres

et de 20 millimètres. Enfin, le fait capital, révélé par l'enquête, consiste dans la rupture antérieure de cinq de ces entretoises, juxtaposées en ovale, et isolant des parties planes de grandes dimensions, susceptibles de déformations permanentes. Discutant ces diverses causes d'affaiblissement de la chaudière , M. Léon Lévy remarque que le coefficient d'affaiblissement de la tôle, le long de la clouure au cadre inférieur, n'avait rien d'exagéré (diamètre des vis 10 millimètres, espacement 60 millimètres) et n'atteignait que

le rapport de 1 à

3, 3

ou 1:0,70.

Mais il estime que les entretoises étaient primitivement

coups de feu.

trop faibles et trop espacées, et il rapporte surtout l'accident au défaut de surveillance et d'entretien qui a per-

M. Léon Lévy rejette, à juste titre, cette hypothèse ; le ciel du foyer est intact, et aucune des circonstances de l'explosion ne permet de supposer que le niveau de l'eau s'est abaissé outre mesure avant l'accident.

mis à cinq de ces entretoises de se rompre antérieurement à l'accident. Pour lui, la déchirure a dû commencer à gauche, près de ce point faible, dans la partie emboutie arrière ; et