Annales des Mines (1886, série 8, volume 10) [Image 282]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

518 RAPPORT SUR L'EXPLOSION D'UNE CHAUDIÈRE

ce fait est confirmé par la projection en sens opposé du fragment détaché et par la direction des fragments d'entretoises encore adhérents au foyer.

M. Léon Lévy n'estime pas que le vice de construction, relevé plus haut, constitue une faute lourde, susceptible d'amener des poursuites correctionnelles contre le constructeur ; en effet, la chaudière date de plus de sept ans, et, de plus, elle n'avait été éprouvée que pour une pression de 7 kilogrammes à l'origine. Mais il y a lieu de relever l'insuffisance des visites intérieures de la chaudière, prescrites par le décret du 9 avril 1883, et, en outre, de recommander au construcRésumé.

teur, M. Lanternois, d'augmenter le diamètre et de diminuer l'espacement des entretoises destinées à consolider les parois planes de ses chaudières. M. l'ingénieur Avis du président de la Commission. en chef des ponts et chaussées Caméré , président de la Commission de surveillance de Mantes, adopte cet avis.

Le rapport très complet de Avis du Rapporteur. M. l'ingénieur ordinaire Léon Lévy met en évidence la principale cause d'affaiblissement qu'avait subie la chaudière, qui a fait explosion: la rupture antérieure de cinq en-

tretoises juxtaposées, sur la face latérale gauche de l'enveloppe du foyer, avait isolé une surface plane en forme de trapèze, dont les deux bases avaient respectivement

80 et 60 centimètres, et dont la hauteur ( parallèle au cadre) comptait 60 centimètres. Malgré l'épaisseur et la bonne qualité des tôles, et eu

égard à la pression élevée du timbre (9 kilogrammes), une pareille surface plane devait tendre à des déformations permanentes de plus en plus dangereuses. Telle est, pour le rapporteur, la cause principale de l'explosion.

A L'ÉCLUSE DE BOUGIVAL.

519

Il convient de rapprocher, de ce fait positif, le défaut de surveillance de la chaudière, livrée pendant plus d'une

heure à l'aide-chauffeur, tué par l'explosion. En fait, ni le mécanicien, ni le chauffeur. ne savent à quelle pression -

la vapeur a été portée pendant l'arrêt nécessité par l'éclusée. On n'a pu retrouver les soupapes de sûreté, et l'on ne sait si elles n'ont pas été paralysées au moment critique. Quant au vice de construction, relevé par M. Léon Lévy

et que cet ingénieur propose tout au moins de signaler administrativement au constructeur, il est réel, mais il ne parait avoir joué qu'un rôle accessoire dans l'espèce ; la durée relativement longue de la chaudière, les nombreuses épreuves qu'elle a subies, l'épaisseur et la qualité des tôles en atténuent la portée. Il y a surtout lieu de recommander d'une façon générale l'emploi d'entretoises perforées qui préviennent nettement et immédiatement de leur rupture. A ce double point de vue, le paragraphe 4 de l'article 4 du décret du 9 avril 1883 permet aux Commissions de surveillance locale d'exiger efficacement la consolidation des parois planes des chaudières de bateaux à vapeur.

En conséquence, le rapporteur a l'honneur de soumettre à l'ap.probation de la Commission centrale l'avis suivant

1° La cause principale de l'explosion du 19 mai 1886 réside dans la rupture préalable et déjà ancienne de cinq

entretoises juxtaposées sur la face plane latérale de gauche de l'enveloppe du foyer. Cette rupture a isolé une vaste surface plane de l'enveloppe et en a favorisé l'arrachement consécutif; 2° Des visites intérieures soignées, conformément aux

prescriptions de l'article 65 du décret du 9 avril 1883, auraient permis de constater cette dangereuse avarie ; 20 Le mécanicien et le premier chauffeur sont blâma-