Annales des Mines (1886, série 8, volume 10) [Image 280]

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514 RAPPORT SUR L'EXPLOSION D'UNE CHAUDIÈRE

avant de droite de l'enveloppe du foyer, par une semelle en fer, fixée par des vis taraudées et rivées. C'est cette époque également que le troisième tirant fut ajouté. L'autorisation de naviguer datait du 16 août 1883 ; la dernière visite annuelle de la Commission de surveillance de la Seine avait été passée le 3 avril 1886; le mécanicien était dûment commissionné.

Circonstances qui ont accompagné l'explosion. Le 19 mai 1886, vers huit heures du matin, le Tape-Dur quittait Poissy; il stationna de neuf heures à dix heures et demie devant l'écluse de Bougival, et mit une demiheure à la franchir. Il remorquait deux lourds chalands remplis de sable. L'équipage se composait du capitaine, du second, d'un mousse , du mécanicien , du chauffeur et d'un aidechauffeur.

Le mécanicien et le premier chauffeur avaient quitté le bateau pendant l'éclusée, laissant la chaudière sous la surveillance de l'aide-chauffeur qui a été tué. A. leur retour, le mécanicien se rendit au condenseur qui fonctionnait mal, et le chauffeur à la machine. Aucun

d'eux n'a donc surveillé les appareils de sûreté de la chaudière à partir 'de dix heures.

Le bateau venait de quitter le chenal de l'écluse et avait fait 20 tours de roues, puis stoppé 2 à 3 minutes ; le capitaine se penchait sur son porte -voix pour crier « en avant ! », quand, à onze heures, l'explosion se produisit. Toute la bande de tôle constituant les faces latérales

et le berceau de l'enveloppe du foyer a été lancée à 80 mètres de distance du bâbord, sur la pointe de Pile de Bougival, en même temps que le cadavre du mousse. De nombreux débris étaient projetés en tous sens ; le reste de la chaudière, à peu près intact, se déversait à

A L'ÉCLUSE DE BOUGIVAL.

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tribord, et le bateau coulait, entraînant le cadavre de

l'aide-chauffeur. Le capitaine et le chauffeur purent être sauvés, malgré

leurs blessures assez graves.

Le mécanicien et le second n'avaient reçu que des

contusions sans gravité.

Examen des tdles rompues. Comme on l'a vu plus haut, la bande de tôle composée des faces latérales et du berceau de l'enveloppe de la boîte à feu, a été entièrement détachée du reste de la chaudière et projetée toute développée (Pl. VII, fig. 3). Elle s'est rompue suivant la ligne des centres des vis qui la reliaient au cadre inférieur. Seuls deux lambeaux sont restés adhérents à ce cadre, au coin avant de droite, au-dessus de la semelle ajoutée lors de la dernière réparation, l'autre au coin arrière de gauche. Puis la déchirure abandonne les faces latérales et suit avec une régularité complète le dos de la partie emboutie des faces avant et arrière (fig. 4 à 6). Ces dernières, restées adhérentes à la chaudière, ont été fortement repoussées à leurs parties supérieures ; une partie de leurs entretoises et les trois tirants ont été rompus ; l'écartement est surtout marqué à gauche, du côté opposé à la direction prise par le lambeau projeté. Le foyer est à peu près intact ; cependant les faces latérales présentent des traces d'enfoncement, surtout à gauche, où la profondeur de la déformation est de 6 à 7 centimètres.

Détails de l'arrachement. L'arrachement s'est produit le long du cadre inférieur avec une netteté extraordinaire; toutes les têtes des vis rivetées sont rasées par moitié, au niveau de la ligne de rupture. Les entretoises latérales sont rompues assez irrégulièTome X, 1886.

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