Annales des Mines (1886, série 8, volume 10) [Image 72]

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ÉLOGE DE M. CHARLES COMBES.

ÉLOGE DE M. CHARLES COMBES.

Le forage d'un puits en terrain aquifère est hasardeux. Dès qu'on a fait un trou, les eaux s'y précipitent ; on les refoule à grands frais, on dépense des millions , le cas

mètre, de chute, de vitesse et de dépense dont l'association , dirigée par des règles fort éloignées de l'évidence, respecte, dans l'unité de l'ensemble, l'harmonieux concert des mouvements et des forces. La bonne turbine reste un oiseau rare : Combes le rend fécond, c'est beaucoup. Un train de chemin de fer, arrêté sur la voie ,' résiste sans s'ébranler au vent le plus violent. Pendant la marche tout change ; le moindre effort le fait vaciller. Le frottement , cependant, n'est pas moindre, mais il retarde la

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n'est pas rare, et la moindre faute advenant, 'la nappe obstinée force les barrières, surmonte les obstacles, arrache et détruit tout pour reconquérir son niveau. Combes,

presque chaque année, signalait de nouvelles tentatives et de nouveaux échecs, il osa conseiller, sans garantir le succès, de forer, sans combattre les eaux, un puits de grand diamètre ; l'épuisement viendrait après. Le problème était transformé. Un ingénieur belge a tenté l'épreuve et s'est enrichi. La méthode retient les noms de Kind et Chaudron, ceux qui en ajoutent un troisième font à Combes la part petite encore. L'Académie des sciences de Bruxelles avait mis au concours la recherche et la discussion des moyens de soustraire les travaux d'exploitation dans les mines de houille aux chances d'explosion et d'asphyxie. Quatorze concurrents, en discutant des cas différents, invoquaient les mêmes principes et s'inclinaient devant le même maître. L'Académie fit comme eux. Combes fut couronné sans avoir concouru. Le ventilateur de Désaguliers, vanté longtemps comme le plus efficace des instruments d'aérage, conduisit Combes

à l'étude des turbines. Les problèmes sont de même famille. Combes les discute sans les résoudre. Qui le pourrait? La science, heureusement, peut comparer sans connaître.

Galilée s'étonne, par la bouche de Salviati, que les grandes dimensions, en mécanique, déconcertent toutes les prévisions. Les cycloïdes, les sphères et les ellipses ne sont, dans les raisonnements, ni petites, ni grandes,

ni médiocres. D'où viennent tant de mécomptes dans l'emploi des machines agrandies? Beau problème et proSonde question! Newton a posé les principes, Combes s'appliquant aux détails assigne les variations de dia-

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vitesse de translation, et, pour ainsi parler, s'y appli-

quant tout entier, reste sans résistance contre les balancements transversaux. La solide analyse de Combes éclaircit cette image et suggère, pour combattre une instabilité fâcheuse, des préceptes suivis par les bons constructeurs. Membre d'abord, puis président de la Commission des machines à vapeur, Combes étudiait les occasions et les causes des accidents et des catastrophes. Dans ces études, hélas! souvent renouvelées, les ingénieurs trouvent des modèles, les mécaniciens des règles de prudence, l'administration a puisé des instructions précises, des décisions efficaces et sévères. « La question est épineuse. Refuser une chaudière est une chose grave, écrivait en 1843 le rapporteur d'une commission. Cela ne peut se faire sans une cause évidente de danger. » Le scrupule est trop grand. Si le sacrifice d'une chaudière *semble insupportable, la vie humaine pourtant est de plus grand prix, et, contre un danger évident, il est trop tard pour la protéger. Plus d'un livre classique a traité les explosions sans mentionner les travaux et les conseils de Combes. Qu'estce à dire ? Nos louanges seraient-elles complaisantes ? non pas ! et il est aisé de répondre. Homme de devoir et homme d'action, notre confrère Se hâtait vers la pratique. Le progrès conserve sa marque, et si, parmi tant de travaux et tant d'occupations différents, il a pu, s'ou-