Annales des Mines (1886, série 8, volume 10) [Image 73]

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ÉLOGE DE M. CHARLES COMBES.

ÉLOGE DE M. CHARLES COMBES.

bilant lui même, négliger d'y inscrire son nom, nous devons

Fontenelle, qui ce jour-là fut profond, a dit, dans l'éloge d'Amontons : « Le mouvement perpétuel est, en mécanique, le seul problème qui soit impossible. » C'était un trait de génie. Le mouvement perpétuel est impossible ! C'est un axiome. Qu'en peut-on conclure ? Ne le cherchons jamais, nous qui sommes sages, et tenonsr. nous loin de ceux qui le trouvent. Mais en osant ajouter lui seul est impossible ! Fontenelle marque d'un seul mot, sur chaque route de la science, la borne qu'on peut atteindre sans jamais la franchir. Des inventeurs illustres, Carnot, Mayer, Clausius, W. Thomson, d'autres encore ont, un siècle Plus tard, posé pour fondement et savamment suivi jusqu'aux derniers détails cet axiome échappé entre deux sourires. Combes hésita longtemps. Fidèle aux vieilles méthodes, c'est elles qu'il consultait.

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redoubler nos louanges ; notre reconnaissance est juste. Deux puissantes Compagnies avaient mêlé, puis séparé leurs intérêts l'une réclamait à l'autre plus de Cent millions ; celle-ci se croyait quitte de toute dette. On ne

s'accordait sur rien, si ce n'est dans le même respect pour la droiture de Combes, dans la même estime pour ses lumières. Il fut choisi pour arbitre unique et sans appel. Après avoir pendant plus d'une .année examiné les faits, étudié les droits, écouté les parties, il rendit sa laborieuse sentence. Sur le chiffre des honoraires, comme sur le reste, il décidait à son plein arbitre. Il demanda dix-huit mille francs, en garda six et partagea les douze autres entre deux camarades éminents dont, pour alléger sa tâche, en conservant toute la responsabilité, il avait emprunté les lumières. L'illustre Carnot disait en 1821 à son fils Sadi : « Lorsque de vrais mathématiciens s'adonneront à l'économie

politique, il se créera une science nouvelle qui n'aura besoin que d'être échauffée par l'amour de l'humanité pour transformer le gouvernement des États. » Ce jour est loin encore. La géométrie ne trompe 'jamais, c'est son honneur et sa force, mais elle se récuse souvent. En économie politique, les expériences sont interdites, l'observation reste cachée, les mieux instruits des faits, trop

engagés dans la querelle, sont loin de dire au vrai ce qu'ils savent et ce. qu'ils font. Les hommes d'État chargés de préparer les traités de 1862 l'ont cônstaté, sans doute

sans étonnement. Un savant accoutumé aux justes balances de la science, un ingénieur perspicace, un esprit élevé, indifférent aux colères et supérieur à la calomnie, était pour eux un auxiliaire indispensable : Combes, désigné par ses lumières, se montra digne du choix par sa prudence. Il a rendu service à tous, et, chose à peine croyable, tous lui ont rendu justice.

Il se défiait de l'évidence ; heureux enfin de leur complet

accord, il voulut le montrer à tous. Son livre sur la théorie mécanique de la chaleur est le guide le plus sûr vers cette science qu'il rend facile. Des luttes ardentes et des inimitiés implacables troublaient l'Observatoire de Paris. Ni la science, ni la renommée, ni l'activité, ni le bon jugement ne faisaient défaut au directeur. Toutes ces qualités étaient méconnues ou déclarées inutiles; un esprit judicieux et bienveillant suffirait, disait-on, pour rétablir la concorde et

terminer les embarras. L'histoire de ces luttes serait longue. On crut y mettre fin par un régime nouveau. Le Journal officiel du 5 février 1870 déférait tous les pouvoirs de la direction à trois hommes éminents, entre lesquels Combes, sans avoir étudié l'astronomie, paraissait

le mieux préparé à l'apprendre. Le bon sens suffirait, disait-on, celui de Combes était connu de tous. La preuve

qu'il en donna par un refus formel Méritait place dans son Éloge.

En atteignant l'âge de la retraite, Combes conservait