Annales des Mines (1885, série 8, volume 8) [Image 70]

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ÉTUDE SUR LE TERRAIN GLACIAIRE

DES PYRÉNÉES-ORIENTALES.

heureux de nous rencontrer, sur ce point, avec cet

aborderons l'examen des terrains primaires. L'erreur manifeste de M. Martins tient probablement à ce qu'il n'a étudié qu'un canton très limité et un seul terrain de cette région pyrénéenne. Lorsqu'au contraire on a étudié l'ensemble, des faits particuliers, qui paraissent constituer des anomalies lo-

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éminent géologue. M. Martins considère la colline qui domine le village

de Corneilla, au sud, comme la moraine médiane du glacier principal descendu du Canigou ; nous y voyons plutôt la réunion des moraines latérales de deux glaciers voisins descendus dans les vallées de Vernet et de Fillols. Mais il y a un point sur lequel l'opinion de M. Martins nous paraît absolument inadmissible, comme étant contraire aux faits : c'est lorsqu'il parle des fausses moraines sur les deux versants de la vallée du Vernet. Dans le passage cité, il considère comme fausses

moraines de soi-disant schistes à grands cristaux de feldspath qui auraient été décomposés sur place et qui forment des collines ayant absolument l'apparence de moraines.

En réalité, il n'y a pas de schistes en ces endroits. Les roches auxquels M. Martins fait allusion font partie de la bande antérieure de gneiss qu'on voit affleurer sur tout le versant septentrional du Canigou, entre le terrain de transition et les moraines vraies. Ce gneiss se retrouve au sud du terrain de transition et forme alors les pentes du massif montagneux qui porte le nom de Canigou, nom réservé sur la carte d'état-major au pic le plus élevé. Ces gneiss sont de véritables granites stratifiés, que j'appellerai porphyroïdes, en raison du grand nombre de macles d'orthose blanc qu'ils contiennent ; ces cristaux ont en majeure partie leurs arêtes principales parallèles à la stratification. Le gneiss de. la bande antérieure s'est souvent décomposé sur place et il faut rencontrer des

anfractuosités naturelles, assez rares d'ailleurs, où la roche a conservé son facies habituel, pour reconnaître qu'elle est identique comme composition et comme allure au gneiss qui forme les pentes du Canigou. Cette question sera d'ailleurs développée lorsque nous

cales, perdent leur caractère énigmatique et arrivent aisément à se ranger dans les règles générales. C'est ainsi, qu'à première vue, il paraît difficile de séparer, sur la colline de la rive gauche de la vallée du Vernet, la bande antérieure de gneiss ce que M. Martins du terrain glaciaire proappelait une fausse moraine

prement dit qui lui est juxtaposé. Lorsqu'au contraire on est arrivé à concevoir l'existence de toute la bande de gneiss, on s'étonna qu'on ait pu trouver des difficultés à tracer la limite qui les sépare du terrain glaciaire pro-

prement dit et pour laquelle aucune hésitation ne peut subsister (*).

Nous avons dit plus haut que certaines .des moraines, surtout dans les régions inférieures , contenaient des blocs aux arêtes et aux angles arrondis, sans insister sur les raisons de cet état de choses. M. Benoît (**) s'était déjà posé cette question à l'occasion

des moraines les mieux caractérisées des Yosgq, où l'on est étonné de rencontrer tous les blocs aux arêtes et aux angles arrondis et l'explication qu'il en donne me paraît absolument rationnelle. Voici en quoi elle consiste : de

même que l'on voit les montagnes se dégrader de nos jours, sous l'action des météores, de Même ce phénomène

de désagrégation a dû s'opérer, sur une vaste échelle, (*) M. de Coligno rangeait ces fausses moraines dans le terrain

diluvien et Magnan les plaçait à la base de la craie moyenne

(Mémoires de la Société géologique de France, 1874). Ces deux opinions sont également erronées. (**) Société géologique de France, 21 juin 1858.