Annales des Mines (1885, série 8, volume 8) [Image 69]

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ÉTUDE SUR LE TERRAIN GLACIAIRE

DES PYRÉNÉES-ORIENTALES.

tandis qu'en Suisse et en Norvège il s'offre souvent sur une grande étendue. Ainsi qu'il a été dit, les seules roches bien nettement striées et burinées que nous ayons trouvées, existent sur les hauteurs qui dominent Escaro au nord. On en trouve encore en d'autres endroits, notamment au pied du pic

reusement à l'aide d'un émeri qui était composé de

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fragments de roches détachées au fond dans son mouvement de progression ; et c'est ainsi que nous avons le phénomène des roches polies et moutonnées.

En résumé, l'existence d'anciens glaciers dans les Pyrénées-Orientales nous est révélée par des masses

des Treize-Vents ; mais, en cet endroit comme en d'autres,

énormes alignées de débris détritiques semblables à celles

les stries sont moins nettes et on ne les rencontre pas d'une façon courante. La raison s'en trouve, je crois, dans la nature des roches aussi bien que dans les dégradations qu'elles ont

qui, dans d'autres pays, ont été reconnues d'origine glaciaire. Les montagnes en amont de ces dépôts en ont fourni les matériaux et ont gardé l'empreinte de l'action

subies depuis l'époque glaciaire, dégradations dont peu de montagnes présentent un exemple aussi remarquable que

ici en assez grand nombre pour justifier l'hypothèse que

les Pyrénées. Cette raison a même, à nos yeux, une si grande importance qu'il peut paraître inutile d'en chercher

une autre. Nous avons cité, plus haut, l'exemple de roches moutonnées, situées dans le Canigou, au pied du pic des

des glaces. Voilà pour les preuves positives, qui se trouvent

nous avons émise à l'encontre de géologues dont les observations sont déjà anciennes.

Enfin, nous croyons avoir démontré que les autres hypothèses auxquelles on pourrait avoir recours pour

se trouve un petit lac analogue à ceux du massif de

expliquer ces dépôts, doivent toutes être rejetées comme étant inconciliables avec les faits. Il est intéressant de rapprocher ces observations de celles de M. Martins, qui datent déjà de longues années

plètement, même en été. L'eau du trop plein traverse, par une fissure assez large, la masse des roches mou-

trional du Canigou, notamment celles de la vallée du

en raison de la plasticité de la glace, celle-ci a pu se mouler par-dessus l'obstacle, tout en le polissant vigou-

Il cite également celle de Montlouis à Llagone, dont nous venons de parler, et mentionne les blocs erratiques gigantesques qu'on rencontre sur la colline qui, au-dessus de Montlouis, domine la rive gauche de la Têt. Enfin, il donne une description partielle des moraines de la vallée de Carol et il estime que les traces de l'action glaciaire, dans cette vallée, roches polies et moutonnées, dépassent en grandeur et en étendue tous ceux de même nature qui ont été observés dans les Alpes. Nous avons spécialement insisté sur ces phénomènes et nous sommes

Treize-Vents ; il y a lieu d'ajouter qu'en amont de ce point Carlitte ou des Gourgs de .Nohèdes. Ce lac est également alimenté par des névés qui ne disparaissent jamais comtonnées, et c'est ce qui complète l'analogie avec les autres cas que nous avons relatés. Tous ces lacs présentent encore d'autres circonstances communes : c'est qu'ils sont creusés dans le micaschiste et que leur cuvette est à peu près plate et peu profonde. On les dirait façonnés par un rabot gigantesque, se mouvant horizontalement, et dont le mouvement de progression s'est arrêté lorsqu'il a rencontré l'obstacle de roches trop dures. Le rabot a été ici le fond du glacier ; mais,

et que l'on trouve reproduites dans le tome XI du Bulletin de la Société géologique de France (2e série). M. Martins a reconnu les moraines du versant septenVernet.