Annales des Mines (1885, série 8, volume 7) [Image 255]

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EXPLOSION D'UNE CHAUDIÈRE VERTICALE

étaient à tête fraisée, du côté extérieur. Dans les échantillons qui nous ont été envoyés, et qui ont été prélevés sur la couture des tôles 6 et 7, on voit que cette fraisure a été faite dans des conditions fort défectueuses ; pour faire

correspondre les trous, on a, comme on l'a vu, affamé outre mesure la tôle, de telle sorte que, dans la ligne des rivets, la section résistante est réduite, en plusieurs points, à moins de moitié de la section en pleine tôle.

AUX FORGES D'EUIIVILLE (HAUTE-MARNE).

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Ces essais caractérisent une tôle aigre et de basse qualité ; nous ne saurions d'ailleurs affirmer que cette tôle n'a pas été altérée par les actions violentes auxquelles elle a été soumise depuis sa mise en place ; mais l'écart

qui existe entre les résistances en long et en travers prouve suffisamment qu'il était fâcheux de cintrer ces tôles dans le mauvais sens. Avant de les mettre en oeuvre dans cette position anormale, il eût été prudent d'examiner avec soin si elles pouvaient s'y accommoder.

Ce fraisage exagéré a porté sur la tôle ancienne, et c'est celle-ci qui a cédé, se déchirant net suivant la ligne des rivets (Voir Pl. XI, fig. 7). En ce qui concerne la qualité des tôles (B), la direction d'Eurville s'était préoccupée avec raison de se procurer, pour le coup de feu, des tôles de bonne qualité ; mais, désireuse de soustraire les rivures à l'action des flammes,

protéger les tôles du coup de feu. Il n'est pas douteux

elle avait pensé à disposer les feuilles debout, ce qui conduisait à cintrer les tôles en travers, opération des plus délicates, qui n'est acceptable que si les rivures sont parfaites, et surtout si les tôles sont très douces et

du 10 novembre.

bien homogènes dans les deux sons. Sur les plaques du n°6 qui nous ont été envoyées, nous avons découpé des éprouvettes en long et en travers, et essayé ces éprouvettes à la traction (*) Voici les résultats de ces épreuves Éprouvettes de Orne de longueur. NUMÉROS.

En travers. 2

3 4

En long.

CHARGE DE RUPTURE

ALLONGEMENT

par millimètre carré.

pour 100.

21 14

o

29

6

OBSERVATIONS.

Grain sec; striction nulle.

33

C) La Compagnie P.-L.-M. a mis à notre disposition, pour ces essais, le matériel de ses ateliers, avec une obligeance dont nous tenons à la remercier.

La faute la plus lourde qui ait été commise est évidemment l'omission du revêtement réfractaire (A), qui devait

qu'un pareil revêtement, convenablement exécuté, com-

biné avec les visites qui se pratiquaient régulièrement dans l'établissement et avec quelques mesures de prudence vulgaire, eût suffi pour empêcher la catastrophe La direction d'Eurville n'était que trop prévenue des dangers menaçants que présentait la chaudière n° 4, dans les conditions où elle fonctionnait. En dehors des publications rappelées plus haut, elle avait eu sous les yeux la catastrophe de Marnaval, où un accident tout local et de minime importance avait déterminé l'explosion d'un générateur presque identique, à tous les points de vue, à la

chaudière n° 4. Elle avait reçu, par l'intermédiaire de M. le préfet de la Haute-Marne, la note relative à l'explosion de Marnaval. Le 20 juin 1884, elle recevait de M. l'ingénieur en chef Moissenet une lettre pressante, qui appelait toute son attention sur le danger de la situation, sur les diverses précautions à prendre, et notamment sur la nécessité de protéger la virole du coup de feu par un revêtement réfractaire. Enfin et surtout elle était avertie de l'imminence du danger par les nombreux incidents auxquels la chaudière n°4 avait donné lieu, par ces fuites qui