Annales des Mines (1885, série 8, volume 7) [Image 256]

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EXPLOSION D'UNE CHAUDIkRE VERTICALE

AUX FORGES D'EURVILLE (HAUTE-MARNE)

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ne pouvaient s'étancher, par ces tôles qui se gerçaient, et A l'article 7 (absence de manomètre ; il n'y avait qu'un qu'il fallait incessamment remplacer. seul manomètre dans tout le puddlage); Déjà, en 1879, lorsque la chaudière fut maintenue penA l'article 8 (absence de clapets de retenue); dant cinq semaines en feu malgré des fuites énormes, on A l'article 11 (un seul indicateur de niveau). se demande comment une catastrophe ne s'est pas proCes contraventions n'ayant joué aucun rôle dans l'acduite. Dans la nuit du 10 novembre 1884, les ouvriers et cident, et ayant été déférées à l'autorité judiciaire, il n'y contremaîtres, en voyant les fuites atteindre des propor- a, de ce chef spécial, aucune autre suite à donner à cette

tions redoutables et sentant venir le danger, n'osèrent pas prendre sur eux de jeter bas les feux ; s'ils eussent été munis d'instructions appropriées, tout porte à croire qu'un immense malheur eût pu être évité. L'accident d'Eurville n'apporte avec lui aucun ensei-

affaire.

Mais en présence des imprudences multipliées qui ont caractérisé le fonctionnement de la chaudière n° 4, imprudences qui ont, en fin de cause, amené la catastrophe

du 10 novembre, on ne peut s'empêcher de regretter

gnement nouveau ; il ne fait que confirmer, confirmation qu'a la suite de l'acçident, ces imprudences n'aient pas éclatante, mais bien douloureuse, la nécessité urgente et été signalées à l'autorité judiciaire, et que l'on n'ait pas indispensable d'entourer les chaudières des usines métal- réclamé l'application des articles 319 et 320 du Code pélurgiques de précautions spéciales, et notamment des nal, relatifs aux homicides, blessures et coups involonprécautions recommandées précédemment par l'Adminis- taires, conformément aux prescriptions contenues dans tration. Au point de vue technique, la question peut être la circulaire ministérielle du 21 juillet 1880. regardée comme vidée. La sous-commission a été extrêmement frappée de En est-il de même au point de vue administratif?

cette omission ; cet exemple et d'autres encore semblent

En présence des dangers particuliers que peuvent pré- 'montrer que les ingénieurs chargés de la surveillance des senter les générateurs des usines métallurgiques, lors. appareils à vapeur sont parfois disposés à mettre en qu'ils ne sont pas convenablement établis et surveillés, les attributions qui leur sont conférées par les lois la sous-commission s'est demandé s'il n'y aurait pas lieu et règlements pour la répression des délits. Il convient de provoquer, dès maintenant, des mesures réglemen- de leur rappeler que, dans les limites de leurs fonctions, taires nouvelles. ils ont pour devoir strict d'éclairer et de seconder la réAprès avoir mûrement examiné la question, elle a jugé - pression correctionnelle, qui reste aujourd'hui une des que, pour le moment du moins, il semble préférable de garanties les plus efficaces contre les imprudences qui sen tenir aux règlements existants. L'accident d'Eurville Y:mettent en danger les vies humaines. Il sera utile, noest entre les mains de la justice ; en attendant qu'elle ait tannent, de leur rappeler les termes de la circulaire prononcé, il ne paraît pas utile, au moins quant à pré- ministérielle du 21 juillet 1880 sent , de prendre de nouvelles dispositions administra« Les contraventions qui donnent lieu à des accidents tives. de personnes doivent être rigoureusement signalées à M. l'ingénieur en chef Moissenet vise, dans son rap- l'autorité judiciaire, en réclamant l'application de l'arport, trois contraventions au règlement de 1880, savoir: ticle 20 de la loi du 21 juillet '1856. Il en est de même '