Annales des Mines (1882, série 8, volume 2) [Image 288]

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NOTICE BIOGRAPHIQUE SUR M. ERNEST MARIÉ.

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NOTICE BIOGRAPHIQUE SUR M. ERNEST MARIÉ.

NOTICE BIOGRAPHIQUE SUR

M. ERNEST MARIÉ INGÉNIEUR EN CHEF DU MATÉRIEL ET DE LA TRACTION DE LA COMPAGNIE ANCIEN ÉLÈVE EXTERNE DE L'ÉCOLE DES MINES

Par M. DELERUE, ingénieur en chef des ponts et chaussées en retraite.

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L'année qui va finir a enlevé à l'affection de sa famille et de ses amis un homme honorable et distingué, M. Ernest Marié, ingénieur en chef du matériel et de la traction aux chemins de fer de Paris à Lyon et la Méditerranée. C'était un homme énergique, peut-être un peu autoritaire, sévère, mais juste dans le service, et, dans les relations sociales, d'un commerce aimable et sûr. Ernest .Marié est né en juin 1817. Son père, Pierre Ma-

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ne le portait point vers la carrière militaire ; aussi donna-t-il

sa démission au sortir de l'École, en 1859, pour prendre la carrière qu'avait suivie son père. Il entra comme élève externe à l'École des mines, où il fit les études les plus sérieuses, sans négliger toutefois les exercices corporels, l'escrime et l'équitation, auxquels il se livra avec la pas-

sion de son âge, et où il eut pour maîtres Bertrand et Baucher.

Au sortir de l'École des mines, en I 842, il alla pendant quelque temps travailler avec son père, alors directeur des forges d'Imphy ; mais cette existence était trop paisible pour son caractère ; il trouva une position qui lui offrait plus d'attraits, et il quitta les forges d'Imphy en 1843. Il alla dans les Landes, où on lui confia la reconstruction des hauts-fourneaux de Pontins. En même temps, il fui chargé de l'exploitation des grandes forêts de pins fournissant le charbon de bois aux hauts-fourneaux. Les forêts des Landes étaient, à cette époque, exploitées par des Espagnols sortis de tous les bagnes, véritables bandits, qui trouvèrent un maître redouté dans le jeune ingénieur; toujours à cheval et armé, il prit un grand ascendant sur ses ouvriers. La gendarmerie ne pénétrait jamais dans ces régions si mal habitées, et c'était au jeune directeur que les ouvriers s'adressaient pour trancher leurs différends. Malheureusement, atteint des fièvres, Marié fut bientôt obligé de quitter ses forêts des Landes, auxquelles il s'était déjà attaché, après deux années de séjour.

rié, était un maître de forges des plus estimés, habile et

En 1845, il entra comme ingénieur au service d'une

comme ingénieur et comme praticien. On lui doit plusieurs inventions et des installations, qui, en son temps, ont été remarquées. Il dirigea notamment les forges d'Imphy, et, plus tard, les forges de Port-Briais en Normandie.

compagnie qui avait entrepris des recherches de minerais de cuivre en Algérie; il fut envoyé à Tenès (province d'Alger), où il resta près de deux ans. Là encore il put donner carrière à sa passion d'aventures; il se trouva au milieu de l'insurrection de Bou-Maza, et il transforma ses mineurs en soldats pour se défendre contre les agressions de l'insurgé. A cette époque, l'autorité militaire ne s'occupait pas

Ernest Marié commença ses études chez ses parents, et les continua au collège Boum; il s'y prépara à l' Écol e polytechnique, où il entra en 1857. Son caractère indépendant