Annales des Mines (1882, série 8, volume 2) [Image 289]

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NOTICE BIOGRAPHIQUE SUR M. ERNEST MARIÉ.

toujours des intérêts des colons, et chacun était obligé de se défendre comme il pouvait. Ernest Marié avait su, d'ailleurs, prendre beaucoup d'autorité sur les Arabes en dressant les chevaux réputés indomptables, grâce aux leçons qu'il avait autrefois reçues de son professeur Baucher. Ses recherches de minerais de cuivre n'eurent pas grand résultat, et, à la demande de ses parents, il se décida à rentrer en France. Tels furent les débuts de la carrière d'Ernest Marié jusqu'au moment où il entra au chemin de Lyon, qu'il ne devait plus quitter jusqu'à sa mort. Il entra à la compagnie de Lyon en mai 1846. Il fut pendant quelque temps secrétaire de M. Jullien, l'éminent ingénieur, alors directeur du chemin de fer ; bientôt après, il fut nommé ingénieur du matériel fixe, et il dut, en cette qualité, préparer des marchés importants pour la fourniture des rails et des divers appareils de la voie ; il améliora et simplifia les dispositions de ces appareils, entre autres celles des signaux avancés des gares, qu'il fit manoeuvrer par un seul fil; il installa sur tout le réseau les prises d'eau nécessaires à l'alimentation des locomotives. En 1858, il dressa le projet du pont de Saint-Germain-des-Fossés sur l'Allier, pont à tablier métallique supporté par des colonnes fondées en lit de rivière au moyen de l'air comprimé, et le fit exécuter au Creusot; c'est à peu près à cette époque que remonte l'emploi de ce

mode de fondation si répandu depuis; avant le pont de Saint-Germain, le pont de la Quarantaine sur la Saône, à Lyon, avait été établi ainsi par des entrepreneurs anglais, mais le travail avait laissé à désirer. A la suite de ces tra-

vaux, Ernest Marié fut nommé chevalier de la Légion d'honneur. Il construisit vers 185o les premières machines à essayer la résistance des métaux, machines composées d'une presse hydraulique pouvant exercer un effort de foo tonnes,

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et d'une balance donnant la mesure exacte de l'effort. Ces machines servaient à mesurer la résistance des éprouvettes (barres d'épreuve) à la traction, ou des rails à la flexion ; elles furent plus tard employées par la marine avec quelques modifications, et sont à présent d'un usage général. Il prit un brevet pour un système d'aiguilles se manuvrant à distance par l'eau comprimée au moyen d'un accumulateur. Ce système vient d'être repris aux États-Unis, où il paraît devoir être employé avec succès.

Ernest Marié se maria en 1852. 11 épousa la fille d'un magistrat, M. Silvestre de Chanteloup, qui termina sa carrière à la Cour de cassation. Son existence fut dès lors partagée entre ses occupations et sa famille. Il trouva dans sa femme une compagne dévouée. Pendant qu'il était attaché au service du matériel fixe, Ernest Marié dirigeait en même temps le service des combustibles ; il construisit trois usines à agglomérer, ou la compagnie du chemin de fer fabrique depuis cette époque une grande partie des agglomérés qu'elle consomme ; il établit les magasins de combustibles, et organisa la comptabilité de ce service. En 1857, lorsque M. Leconte remplaça M. Sauvage il comme ingénieur en chef du matériel et de la traction,

ajouta à ses fonctions précédentes celles d'ingénieur inspec-

teur du matériel et de la traction. En 1865, au moment de la fusion des services du résean nord et du réseau sud, il quitta définitivement le service du matériel fixe et fut nommé ingénieur en chef adjoint à M. Leconte. C'est à ce moment de sa vie qu'il aborda un travail considérable : les services du réseau nord et du réseau sud étaient dirigés d'une façon tout à fait différente. Ernest Marié dut refaire l'organisation du service sur des bases nouvelles s'appliquant également bien aux deux ré- . seaux; il donna ainsi au service du matériel et de la traction une unité d'organisation nécessaire à tous égards. Ce