Annales des Mines (1881, série 7, volume 19) [Image 128]

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ÉLOGE DE VICTOR REGNAULT.

ÉLOGE DE VICTOR REGNAULT.

fécondité que le travail de longues générations n'épuisera

pas. Après avoir créé la vraie calorimétrie, il reconstitue successivement l'hygrométrie et la thermométrie ; ses tu. vaux se multiplient, ses publications se succèdent rapidement, et toutes se distinguent par une physionomie spéciale et nouvelle. Critique défiant, aucune cause d'erreur ne lui échappe ; esprit ingénieux, il trouve l'art de les éviter toutes ; savant plein de droiture, au lieu de donner le

résultat moyen de ses expériences, il en publie tous les éléments qu'il livre à la discussion. Dans chaque question,

il introduit quelque méthode caractéristique ; il multiplie, il varie les épreuves, jusqu'à ce que l'identité des résul. tats ne laisse aucun doute. La manière de Regnault a fait école; chaque physicien s'y conforme aujourd'hui; on voudrait le suivre dans tous ses travaux, il faut se borner à quelques exemples. Un litre d'eau pèse un kilogramme, mais combien pèse un litre d'air Ou de tout autre gaz? Déterminer avec précision le poids; toujours si faible d'un gaz emprisonné dans un ballon de verre, alourdi par une armature métallique,

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ne songe à surpasser. C'est également ainsi qu'il a donné à la balance, le plus sûr des instruments scientifiques, sa dernière perfection.

Dans notre jeunesse, nous entendions affirmer, par nos illustres prédécesseurs, dont les vues sur le temps et l'espace n'étaient peut-être pas aussi étendues qu'elles le sont â. l'époque actuelle, que la composition de l'air ne variait pas. Ils s'appuyaient sur des analyses effectuées à vingt ans de distance, montrant que la proportion d'oxygène contenue dans l'air n'avait pas changé. Mais notre atmosphère aurait pu perdre ou recevoir plus d'un milliard de kilogrammes d'oxygène, sans que leurs moyens imparfaits eussent signalé cette modification. Des analyses effectuées

par un procédé plus sûr nous ayant amenés à penser, M. Boussingault et moi, qu'ils avaient raison, Regnault fut conduit à la même conclusion par une méthode différente ; nous pesions l'oxygène, il le mesurait. Mais l'instrument de mesure dont il se servait, l'eudiomètre à mercure, n'était plus l'outil imparfait et grossier de nos pères ; il en avaitfait

un appareil de précision d'une délicatesse absolue qu'un

constitue Une opération délicate. Il faut que le gaz soit pur

astronome n'eût pas désavoué et qui est demeuré classique.

et sec, que sa pression et sa température soient

Il avait d'ailleurs varié et multiplié ses analyses sans relâche et jusqu'à parfaite démonstration. Dans les limites de nos moyens d'observation, l'air se montre donc uniforme

définies,

conditions qu'on avait su réaliser ; mais suspendre un bal. Ion de verre à l'un des plateaux d'une balance et déposer dans l'autre des poids de métal, c'est mettre en présence

dans sa coMposition. Cependant, devenus plus circonspects,

des masses déplaçant des quantités d'air tellement rentes qu'une correction, une seule, l-estait encore néces-

oserions-nous affirinu encore qu'il ne se modifiera pas avec les années, quand, autour de nous, tout change et

saire. On l'avait éliminée par un artifice ; Regnault la supprime absolument en équilibrant le ballon contenant le gaz

tout se meut ?

diffé-

par un ballon compensateur de même volume, suspendu an plateau opposé. Les variations de l'atmosphère deve-

L'homme et les animaux ont besoin d'air pour respirer. Ils en absorbent l'oxygène ; ils lui rendent de l'acide carbonique, comme si le charbon qui fait partie de leurs tis-

nues indifférentes au système, il se comporte dans ce milieu changeant comme s'il était placé dans le vide invariable, et c'est ainsi que Regnault a déterminé le poids du litre d'air et celui des principaux gaz avec une précision que personne

sus était brûlé par une combustion lente, d'une maniere analogue à celle qu'on observe dans la combustion vive d'une lampe enflammée. La chaleur propre des animaux, PI se soutient pendant que le poumon fonctionne, se dis-