Annales des Mines (1880, série 7, volume 18) [Image 122]

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ÉTUDE DES MOYENS PROPRES A PRÉVENIR

Par contre, des relevés très attentifs et très étendus de M. Castel, ingénieur en chef des mines, sur les accidents du bassin de Saint-Étienne, l'ont amené à une conclusion absolument négative sur l'influence barométrique. M. Le Chatelier, dans son mémoire déjà cité, bat en brèche la méthode de M. Galloway et révoque en doute ses résul-

tats et ses conclusions. Il lui reproche d'abord une trop grande largeur d'appréciation, en ce que le savant inspecteur des mines d'Angleterre considère comme appartenant à l'influence de la baisse toute la durée de cette baisse, et en outre les trois jours de hausse qui la suivent. En outre, on trouve ainsi que la proportion des accidents qui peuvent se rapporter à une baisse est de 5o p. ioo. M. Le Chatelier, en se reportant aux observations météorologiques, trouve de son côté, 5o p. sou pour la proportion des jours de baisse sur le total de l'année, ce qui tendrait à établir que

le résultat est simplement proportionnel au temps, et par suite la baisse dénuée de toute influence propre. Passant des accidents proprement dits aux simples apparitions de grisou, M. Le Chatelier discute la valeur du parallélisme des courbes de M. Galloway. Il le trouve pour une partie de l'année trop désordonné pour former une preuve suffisante, Là où il est très marqué, l'effet grisouteux paraît précéder, et non suivre, la baisse observée, ce qui tendrait à corroborer l'opinion relatée plus haut de M. Warbuton. Le con-

traire cependant devrait avoir lieu, comme nous l'avons expliqué, si la différence de pression était bien véritablement la cause efficace. Mais M. Le Chatelier, remarquant que la

variation du thermomètre précède en général et provoque même celle du baromètre, incline à penser que cette dernière et le dégagement grisouteux, au lieu d'être l'une pour

l'autre cause et effet, ne seraient que deux effets d'une même cause, à savoir la variation thermométrique. Le baromètre ne paraît pas en effet à M. Galloway luimême être seul à influer sur l'état des mines, et les oscilla-

LES ErPEOSIONS DU GRISOU.

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dons du thermomètre s'y répercutent également clans une mesure importante. Elles sont en effet, comme les changements de pression, une cause de modification de volume. M. Galloway a même dressé le tableau suivant, indiquant la proportion des explosions de grisou qui lui ont paru être rapportées à la variation du baromètre ou du thermomètre ou à des influences mal définies ANNÉES.

1868. 1869. 1870. 1871. 1872.

NOMBRE

d'explosions.

,,., tineorn) " k plet. 200 196 207 233

BAROMÈTRE. THERMOMÈTRE.

47 p. 100 48 50 55 58

INFLUENCES

diverses.

27 p. 100 17

26 p. 100

24 19 17

26 26 25

Les variations hygrométriques elles-mêmes ne peuvent être laissées de côté dans cette énumération d'influences actives. D'une part, si l'air extérieur est très sec, il se char-

gera de vapeur d'eau dans la mine et se refroidira, en modifiant les conditions de la ventilation. En outre, l'atmosphère en les desséchant rendra les poussières charbon-

neuses plus mobiles et plus inflammables, circonstance grave dont nous étudierons les effets dans le paragraphe suivant.

Sous la préoccupation de ces diverses influences on a conseillé l'observation constante sur les puits de mine, du baromètre, du thermomètre et de l'hygromètre. La première au moins est devenue courante dans beaucoup de districts. M. Thenard pense à cet égard que l'on pourrait construire des baromètres à cadran tels que ceux qui sont en usage dans les habitations pour indiquer les probabilités du temps. Seulement, au lieu des formules habituelles, ils porteraient une graduation indiquant l'allure qu'il convient d'imprimer au ventilateur. Cet appareil constamment placé sous les yeux du mécanicien lui permettrait ainsi de conduire sa machine avec une grande précision.

Les ateliers de Marcinelle et Couillet ont même construit, sur les indications de M. Timmermanns, un ventila-