Annales des Mines (1880, série 7, volume 18) [Image 95]

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ACCIDENT DU PUITS FONTANES

DES HOUILLÈRES DE ROCHEBELLE (GARD).

tier au moment de l'accident. Il est donc certain que ce front de taille a été renversé sur une grande longueur, et

des houillères de Bochebelle, a été recherché avec le plus grand soin au moyen de la lampe Mallard et Le Châtellier,

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si l'on admet que la destruction se soit arrêtée au point que

la règle n'a pu dépasser, on arrive, dans le calcul de la quantité de charbon brisé et projeté, au chiffre de 76.000 kilogrammes. Ce chiffre doit être considéré comme un minimum. Quant au volume du gaz qui s'est dégagé, il est impossible de l'apprécier avec quelque exactitude; ce que l'on peut certifier, c'est que la quantité d'acide carbonique

et nulle part sa présence n'a été constatée ni pendant ni après le sauvetage. Si le grisou eût brûlé, les vêtements des victimes qui étaient suspendus aux points P, B, S, S', S" de la galerie horizontale, les deux cartouches partiellement remplies de poudre et les mèches de sûreté trouvées

au point S' auraient porté les traces de cette inflammation ; or, ces objets avaient été plus ou moins recouverts

qui a fait subitement irruption dans les travaux a suffi

de poussière charbonneuse, mais ils étaient absolument

pour vicier en quelques minutes près de 5. 000 mètres cubes

intacts.

d'air. Quelque évidente que fût la cause du triste événement

du 28 juillet, pour ceux qui en connaissaient toutes les circonstances, cette cause, par cela même qu'elle était extraordinaire et à peu près inconnue jusqu'alors, ne fut point admise par certains esprits insuffisamment informés, qui cherchèrent à expliquer l'accident en l'attribuant à une explosion de grisou. Or, non seulement l'hypothèse d'un coup de grisou est absolument inadmissible et tombe devant le simple énoncé des faits, mais encore on peut dire qu'il n'y a eu inflammation d'aucune sorte. En effet, si le

gaz qui s'est dégagé eût été le grisou, lorsque, moins de dix minutes après l'accident, de courageux sauveteurs sont descendus dans le puits avec des lampes à feu nu, ils auraient provoqué une épouvantable explosion. De même, lorsque, le lundi soir, une première équipe a pénétré dans la galerie et la remontée, ou bien le grisou aurait été tout d'abord découvert au moyen de la lampe de sûreté, ou bien il aurait pris feu sur les lampes à feu nu dont on faisait usage. Si c,'eût été le grisou qui eût aussi rapidement et aussi abondamment envahi les travaux, il en serait certainement resté dans le chantier Pascal, véritable remontée en cul-de-sal de 8 mètres de longueur; or, ce gaz, dont on n'a pas encore vu la plus petite trace dans toute l'étendue

La houille de la couche 1 i est maigre, mais elle se réduit facilement en une poussière très ténue : s'il y avait eu inflammation, on aurait dû retrouver, sur les boisages et sur les parements, du charbon cokéfié, ou, tout au moins, agglutiné et fritté; or il n'y en avait pas trace dans la mine.

Enfin le galandage, la cloison, les portes, sont restés debout et en parfait état; le grisou, s'il eût détonné, aurait dégradé ces obstacles, car l'expérience démontre que, dans une explosion de grisou, tout ce qui sert à diriger le courant

d'air, tout ce qui gène sa libre circulation, est plus particulièrement exposé aux ravages du fléau. Non seulement il n'y a pas eu explosion de grisou, mais encore l'hypothèse d'une inflammation par suite du tirage d'un coup de mine doit être écartée : on a vu, en effet, que,

dans le chantier de droite, le seul où l'on fît usage de la poudre, aucun coup de mine n'était préparé au moment de la visite du chef de poste, et il faut remarquer que le mineur, n'ayant travaillé qu'une heure avant l'accident, n'aurait pas eu le temps de faire et de tirer un coup de mine. Du reste la comparaison de la quantité de poudre livrée aux

ouvriers avec celle qu'ils avaient consommée avant le 28 juillet et celle qui a été retrouvée dans la galerie a dé-

montré qu'ils n'en ont point brêlé le jour de l'accident; enfin il a été établi qu'au moment de l'expansion, Baillac