Annales des Mines (1880, série 7, volume 18) [Image 96]

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ACCIDENT DU PUITS FONTANES

n'avait pas à sa disposition le seul bourroir qui faisait partie de l'outillage de son poste.

Quant aux constatations médico -légales faites sur les corps en putréfaction des malheureux Pascal et Baillac, elles ont donné lieu de la part de M. l'ingénieur en chef Julien, à une enquête contradictoire et à des recherches minu-

tieuses qui ont détruit le seul argument que les défenseurs de l'hypothèse d'un coup de grisou pouvaient, en dehors de toute opinion préconçue, faire valoir à l'appui de leur manière de voir. M. Julien a, en effet, prouvé que les altérations de la peau, constatées sur le cadavre de Baillac en

particulier, ne pouvaient être attribuées à l'action d'une flamme quelle qu'elle fut et étaient dues à une cause toute différente et même étrangère à l'accident. Aussi peut-on dire en toute vérité, que l'hypothèse d'un coup de grisou n'a plus eu, depuis ce moment, dans le Gard, un seul partisan. En résumé, les houillères de Rochebelle sont des mines à acide carbonique comme certains charbonnages sont des mines à grisou. A part, en effet, les « véritables sources d'acide carbonique » citées par Combes (*) dans son Traité d'exploitation et que l'on rencontre dans le creusement des travers-bancs ou le fonçage des puits de Rochebelle, ce gaz semble encore être enfermé dans la masse même du charbon et s'en dégage à la manière du grisou. Il existe même, comme dans les mines grisouteuses, des couches qui fournissent une plus grande proportion d'acide carbonique que celles qui les avoisinent. Enfin, l'accident du 28 juillet est venu démontrer que l'acide carbonique donne lieu, comme le grisou et dans des circonstances analogues, à des dégagements instantanés et d'une violence extraordinaire. A propos de la catastrophe de Frameries, dont une rela(*) Traité d'exploitation, par Combes, tome II, page i68.

DES HOUILLÈRES DE ROCHEBELLE (GARD).

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tion a été publiée dans les Annales des mines (*), M. Cornet

a fait à l'académie royale de Belgique, sur les irruptions subites du grisou dans les mines de houille, une communication dont les principaux passages ont été lus dans la réunion mensuelle tenue à Saint-Étienne, le 5 juillet 1879, par les membres de la société de l'industrie minérale (") et résumés dans le compte-rendu de cette séance dont j'extrais le paragraphe suivant « Tout porte a faire admettre que les forces qui tendent « à faire sortir le grisou du charbon pour le répandre dans

l'atmosphère de la mine sont sensiblement égales sur tous les points situés à la même profondeur dans les couches où les dégagements sont fonction du volume « de charbon abattu, c'est-à-dire dans le groupe du charbon

flénu-gras, dans le groupe demi-gras à longue flamme et dans quelques veines appartenant aux trois groupes inférieurs. Mais ces trois groupes inférieurs comprennent

d'autres couches où l'on trouve des zones de charbon renfermant du grisou sous une pression ou sous un état tel que ce charbon est en quelque sorte explosif. LorsCC qu'une surface plus ou moins grande d'une semblable (C zone est soustraite à une partie de la pression exercée par les roches encaissantes, c'est-à-dire lorsqu'elle est « rencontrée par une galerie, le grisou se dégage brus-

quement avec un grand bruit, en brisant, pulvérisant « et lançant au loin la houille qui le renfermait. »

En remplaçant, dans la citation qui précède, le mot grisou par le mot acide carbonique, on peut appliquer exactement la théorie de M. Cornet à l'accident du puits (*) Note sur l'accident de Frameries, par MM. Mallard, ingénieur en chef et Vicaire, ingénieur des mines, 7' série, tome XV, 1879.

(**) Comptes rendus mensuels des réunions de la Société de industrie minérale, juillet 1879. Communication de M. Meurgey, ingénieur des mines.