Annales des Mines (1880, série 7, volume 18) [Image 94]

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ACCIDENT DU PUITS FONTANES

DES HOUILLÈRES DE ROCHEBELLE (GARD).

Le volume d'air absolument perdu s'élevait donc à 59 p. 100 de la quantité totale de l'air aspiré par le ventilateur; ces pertes étaient dues surtout à l'étanchéité incomplète de la cloison et à celle, beaucoup moins sensible, des barrages. Ces résultats expliquent les difficultés considérables que l'on a rencontrées pour aérer une galerie dans

teux que ce ne soit cet acide qui ait, à plusieurs reprises, envahi les galeries et repoussé les travailleurs; c'est encore ce gaz qui remplissait entièrement le chantier de Pascal. Enfin, sa nature a été chimiquement déterminée par l'expérience suivante plusieurs fois répétée : si l'on vidait à moitié, à l'intérieur et près de l'entrée du puits d'aérage, un flacon préalablement rempli d'eau de chaux, le liquide qui restait se troublait instantanément et la chaux était

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laquelle l'air, en revenant sur lui-même, éprouvait de

grandes résistances, et pour mettre en mouvement une masse importante et pesante d'acide carbonique, qui se renouvelait partiellement au fur et à mesure de son enlèvement. Cause de l'accident.

L'accident du puits Fontanes est uniquement imputable à une expansion spontanée, subite et très considérable d'acide carbonique qui se trouvait à une pression élevée dans la couche de charbon et qui a fait irruption dans le chan-

tier de droite en renversant le front de taille, brisant et lançant au loin la houille qui le renfermait. Et d'abord, il n'est pas contestable que ce ne fût de l'acide carbonique. Tous les travaux exécutés dans la couche 11 ont rencontré ce gaz si fréquent dans les houillères de Rochebelle. Le personnel de la mine, ingénieurs, maîtres-mineurs et ouvriers, qui sont familiarisés avec les caractères et les effets de l'acide carbonique, l'ont parfaitemont reconnu. De tous les gaz que l'on rencontre habituellement dans les mines, l'acide carbonique pouvait seul, à cause de sa grande densité, envahir aussi rapidement le fond du puits. L'extinction des lampes plongées dans l'atmosphère viciée par le gaz de l'expansion est un des caractères les plus frappants et les plus certains de la présence de cet acide. Cette extinc-

tion s'effectuait, dans le puits, à un niveau si bien déterminé, qu'il était possible de suivre ainsi, pas à pas, les progrès de la ventilation. Les lampes présentées à l'orifice du puits de sortie s'éteignaient également. II n'est pas clou-

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précipitée.

Sous quel état ce gaz se trouvait-il renfermé dans le charbon? Était-il, pour ainsi dire, intermoléculaire, ou bien condensé sous pression dans une poche?

La persistance du dégagement de cet acide, qui a été rencontré dans toutes les couches recoupées par le puits Fontanes et particulièrement dans la couche 11, peut faire croire que ce gaz était contenu clans la masse du charbon,

à la manière du grisou. Pour s'assurer qu'il n'était point renfermé dans une cavité préexistante, il aurait fallu déblayer complètement la remontée ; cette opération a malheureusement été arrêtée après la découverte et l'enlèvement du dernier cadavre. Aussi les seuls renseignements qu'il ait été possible de recueillir sur l'état du chantier dans lequel l'expansion s'est produite et qui sont détaillés ci-dessous, sont-ils forcément incomplets. Jusqu'à l'entrée de ce chantier, tous les cadres, tous les garnissages de la remontée étaient en place et n'avaient subi aucun mouvement; le massif qui séparait les amorces des deux montants

conjugués était intact; aussi loin que l'on pût voir dans ledit chantier, le toit n'avait subi aucun ébranlement. Néanmoins, les chapeaux des cadres avaient été enlevés, et les piles inclinées par l'effort du charbon violemment projeté hors de son logement. il a été possible d'enfoncer entre le toit et la masse du charbon brisé une règle dont l'extré-

mité a pu parvenir, sans rencontrer aucun obstacle, à 6 mètres au delà du front de taille que présentait le chan-