Annales des Mines (1879, série 7, volume 16) [Image 22]

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PROGRÈS RÉCENTS DE L'EXPLOITATION DES MINES

ET DE LA CONSTRUCTION DES MACHINES A VAPEUR.

des amplitudes, tandis que des résultantes quelconques et enchevêtrées pourront naître de directions et d'intensités diverses. On peut employer pour le tir deux modes d'accouplement : par embranchement avec un fil de platine porté au rouge, ou par circuit, en excitant l'étincelle par une courte interruption du conducteur. Ce dernier a paru le plus simple. Trois sources d'électricité peuvent être mises en usage : d'abord les piles ; en second lieu les appareils d'électricité statique, tels que ceux d'Abegg, Ebner, Elsner, qui figuraient à l'Exposition de

venue à 0'0.925 par coup de mine à la poudre et o',2150 avec la dynamite. Depuis lors une autre série de 1.288 coups a été tirée

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Vienne ; enfin, et surtout, les machines d'induction, telles que

celle de Bornhardt. L'appareil de Ruhmkorff a été jugé à Montchanin trop compliqué. On lui en a préféré un autre dans lequel l'induction est produite par des courants électro-magnétiques. Mais tous ceux qui sont fondés sur ce principe ne sont pas également bons. Celui de Marius et le coup-de-poing de Breguet ne pourraient allumer plus de trois pétards. L'appareil dynamo-électrique de Siemens convient mieux pour le circuit par embranchement.

Quant aux conducteurs, on peut employer le fil de fer des numéros Io à 15 dans les emplacements secs. Pour des puits humides,

faut avoir recours au cuivre recouvert de gutta-percha, section diminuée pour soulager son poids, et pincé tous les il

100 mètres dans des points d'appui enduits à la gutta-percha. Le retour se fait par un fil spécial et non par la terre. Des fils moins chers relient les conducteurs principaux aux fourneaux, dont l'ex plosion risque de les détruire. En ce qui concerne l'inflammation, on peut se contenter de la poudre avec un fil porté au rouge. Mais l'emploi de l'étincelle exige des amorces spéciales formées, par exemple, de sulfure d'antimoine et de chlorate de potasse par parties égales, ou de compositions plus complexes. On les place dans un petit cylindre de mastic isolant dans lequel les fils de cuivre s'approchent à un quart de millimètre l'un de l'autre. Pour placer ce système dans la cartouche au fond du trou, on a à peu près renoncé aux anciennes baguettes de bois (Holzstceben) dans lesquelles les fils étaient incrustés de manière à ne pas se toucher. On emploie des fils tissus

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avec g ratés (1).

Sautage de Hallets-Point.Je ne saurais passer ici sous silence l'exemple mémorable de l'emploi des explosifs qui a tenu sur pied, le ah septembre 1876, toute la population de New-York. Il s'agissait d'approfondir de 4 à 8 mètres le chenal de Hell-Gate en mer, dans une espace figurant une sorte d'ellipse d'un hectare et quart. Le général Newton avait été chargé de ce grand travail. Le cube

àen lever représentait 48.235 mètres cubes, et le poids environ s 20 millions de kilogrammes. Les frais s'élevèrent à 5.560.000 francs.

L'opération a duré quatre ans et quatre mois. On commença par construire un bâtardeau au centre de l'ellipse pour pouvoir s'y enfoncer à l'aide d'un puits rectangulaire. 41 tunnels furent tracés en rayonnant autour de ce point, recoupés par mi galeries concentriques et à peu près elliptiques. Les sections étaient de 4m,27 de longueur sur une hauteur variant entre 3 mètres et 6',7o suivant la configuration du fond préalablement déterminée par des sondages. Les intersections de ce réseau dessinaient 172 piliers de 3 mètres de côté. Ces percements représentèrent un total de 2.262 mètres de développement et 37.827 mètres cubes, On pratiqua 6.455 trous de mines de 75 millimètres et 578 de 50 millimètres, mesurant ensemble 17.228 mètres de longueur. Ils furent chargés de 49.915 kilogrammes de matières explosibles diverses.

Ce chiffre représente environ 468 grammes par mètre cube de roche à dépiler. Les charges étaient renfermées dans des cartouches d'étain. On s'est contenté d'un bourrage à l'eau en ouvrant le siphon 24 heures avant le tirage, de manière à remplir d'eau toute l'excavation. On associait pour la déflagration 13 décigrammes de fulminate de mercure à Mo grammes de matière explosible. On disposa ainsi dans les piliers 3.680 fourneaux par séries d'une vingtaine.

23 batteries électriques, comprenant en tout 960 éléments au bichromate, furent préparées pour l'inflammation avec des détails minutieux qu'il serait trop long d'énumérer ici (2). Cette explosion eut lieu en présence d'une foule innombrable et

comme les étoupilles (Gutectrahtleitung), ou mieux des bandes élec-

triques (Bandleiiung) où les fils sont isolés à l'aide de papier fort, enduit de poix. M. 011ier, après une période d'essais plus ou moins irréguliers,

est arrivé à une pratique courante dans laquelle il a pu tirer 279 coups avec 9 ratés seulement. L'amorce avec bande est re-

(i) IIelliot, Compte rendu mensuel, août 1878, page 85. (2) Lagasse, Revue des questions scientifiques de la Société scientifique de Bruxelles, 1877, page 285. La dynamite, ses caractères et ses effets, publié par la société Nobel, 1878, page i4o.