Annales des Mines (1879, série 7, volume 15) [Image 299]

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ACCIDENT DE FRAMERIES ( BELGIQUE )

du puits. La nière, ne se produisirent que dans la colonne dernière explosion seule se serait produite dans l'intérieur de la mine, et c'est à elle que, d'après M. l'ingénieur en le bouchef de la province du Hainaut, il faudrait attribuer leversement des travaux et la mort des victimes du fond. Il suit clairement de cet exposé que l'accident du 17 juin puits 1879 a été produit par l'irruption soudaine dans le d'extraction d'une quantité énorme de grisou, se dégageant avec une grande vitesse. En un clin d'oeil le puits a été transformé en un vaste tuyau rempli de grisou à peu près pur ; c'est au jour seulement que ce gaz a trouvé, et la quantité d'air nécessaire pour le rendre combustible, et la flamme nàcessaire pour l'allumer. Tant que le dégagement du gaz a été assez violent pour que la quantité d'air affluant par les autres puits fût peu considérable relativement .au grisou, toute communication de la flamme de l'intérieur à l'extérieur a été impossible. Cet état de choses s'est prolongé pendant 2' 15m! Combien n'est-il pas regrettable que les orifices de la mine se soient trouvés tous déboucher au jour dans l'intérieur des bâtiments enflammés ! Sans cette circonstance, tous les ouvriers, qui, lorsqu'ils avaient constaté l'état singulièrement anormal de la mine, s'étaient dirigés vers le puits des échelles, auraient été sauvés. Mais aveuglés par la fumée. qui entrait par le puits et dont ils ne s'expliquaient pas la cause, ils rebroussèrent chemin ; une partie resta dans le voisinage du puits des échelles et put être sauvée ; mais une partie se dirigea vers le puits d'extraction,. et fut brûlée et ensevelie au moment de la dernière explosion. Les ingénieurs ont cherché à se rendre compte de la quantité de grisou qui s'est échappée en 2b 1/4 du puits de l'Agrappe. Ils ont cru pouvoir estimer à 4 mètres au minimum la vitesse moyenne avec laquelle le gaz est sorti pendant ce temps; cela donne, avec la section du puits, qui est de 12 mèt. carrés, un volume de gaz égal à 545.600 met.

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cubes. Si l'on admet que pendant les 2 autres heures qu'ont duré les explosions successives il s'est dégagé le 1/5 de ce qui était antérieurement sorti, on arrive à un total de 5oo.000 mètres cubes, qui ne paraît point exagéré. Les témoignages des ouvriers qui étaient aux niveaux de

55o et de 520 mères ne laissent pas douter que ce dégagement ne se soit produit au niveau de 6io mètres, dans la veine de l'Épuisoire. On ne saurait espérer d'avoir quelques éclaircissements sur la naissance d'un phénomène aussi inouï, avant d'avoir pénétré au point même où le dégagement s'est produit. En attendant ce moment, qui ne saurait tarder beaucoup, on ne peut qu'essayer de chercher quelque lumière dans les - faits qui ont précédé l'accident. Le charbonnage de l'Agrappe était particulièrement grisouteux, et il en est malheureusement de même des charbonnages voisins, tel que celui de Crachet-Picquery. C'est ainsi que non-seulement la présence du grisou est constante dans les travaux, niais qu'encore on est souvent obligé, lorsqu'on rencontre une nouvelle couche, ou lorsqu'on aborde certaines parties de couche, d'abandonner les travaux pendant plusieurs jours, parce que, le grisou étant en quantité trop grande, la lampe Mueseler s'éteint et tout travail devient impossible. On laisse ainsi la couche se saigner, suivant l'expression des mineurs du Hainaut. Il est même de règle d'aider autant que possible à ce drainage préalable du grisou, en faisant précéder chaque grande taille montante d'un ou de plusieurs trous de. sonde de '6 à 7 mètres de profondeur. M. Laguesse tils, directeur des travaux de Crachet-Picquery, a constaté, en bouchant l'orifice d'un de ces sondages et y plaçant un manomètre, que la pression

développée par le grisou pouvait aller jusqu'à 16 atmosphères. Elle est ordinairement de 2 à 5 atmosphères. Dans ces conditions particulièrement dangereuses, et qu'on ne connaît guère chez nous, on se sert cependant de

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