Annales des Mines (1879, série 7, volume 15) [Image 300]

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ACCIDENT DE FRAMERIES (BELGIQUE).

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ACCIDENT DE FRAMERIES (BELGIQUE).

la poudre. C'est à un coup de mine que M. Laguesse attribue

un accident arrivé à l'Agrappe en 1875. Peu de temps avant l'accident du 17 avril dernier, et au niveau même de 6 1 o mètres où s'est produite l'irruption du gaz, un coup de mine fut tiré pour le percement du bouveau qui allait à la rencontre de la veine de l'Épuisoire. Le coup, il est vrai, avait été tiré le dimanche, par précaution ; il y eut inflammation du gaz, mais les précautions prises furent suffi-' santes pour conjurer toute autre conséquence fâcheuse. On abandonna l'avancement du bouveau pendant 8 à io jours pour laisser le grisou se dégager. Le travail, repris au bout de ce temps, ne tarda pas à faire rencontrer la veine de l'Épuisoire. Cette, veine présentait une épaisseur totale de 1'1,24 de charbon, coupée par un nerf schisteux de om, o placé à om,90 du toit. Un autre nerf schisteux de om,5o se trouvait au mur. L'inclinaison de la couche était de 15°. Dès qu'on fut dans la couche, on y ouvrit une taille montante de io mètres de large. Comme on n'était pas encore en communication avec le niveau supérieur, la

taille, qui avait un développement d'une quinzaine de mètres suivant l'inclinaison, était aérée par des canards. Des trous

de sonde de 6 mètres environ de profondeur précédaient la taille. Suivant l'ingénieur de la mine, ces trous de sonde ne donnaient que peu de gaz. La mine de l'Agrappe a déjà été depuis quelques années le théâtre de plusieurs accidents causés par le grisou. 11 est intéressant de voir dans quelles circonstances. En 1875, un grand accident bouleversa empiétement les travaux et fit 112 victimes. Cet accident a été produit par la présence du grisou en grande quantité dans l'intérieur des travaux, et par l'inflammation fortuite de ce gaz

dans la mine. La cause de cette inflammation n'a jamais été bien connue. M. Laguesse pense qu'elle doit être cherchée da s le tirage d'un coup de mine, cependant interdit. Quoi

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qu'il en soit, la nature et les causes de cet accident ne diffèrent pas de ce qu'on connaît ailleurs. Il n'y a donc pas à insister sur l'accident de 1875. Én autre accident, qui a été beaucoup moins grave, mais qui est bien plus intéressant pour le sujet qui nous occupe, est celui du 29 juillet 1874. 11 s'est produit dans la veine Lévêque, au niveau de 58o mètres. On venait de rencontrer cette veine, et on avait constaté qu'elle présentait un bouleversement et un renflement extraordinaire de près 'de

4 mètres, lorsqu'il se produisit, au front de taille, un dégagement de gaz tellement violent qu'il projeta sur les ouvriers 1.5oo hectolitres environ de charbon extrêmement fin, de la nature de celui qu'on appelle fusain chez nous et auquel les ingénieurs belges donnent le nom de charbon dalo'ide. Deux ouvriers furent ensevelis par le charbon; les trois autres du front de taille furent asphyxiés; ils mou-

rurent tous les cinq. Le grisou alla prendre feu dans le puits, à l'étage de 55o mètres, peut-être à une lampe ouverte pour le maillage des lampes des mineurs. Un porion et 9 ouvriers furent brûlés à l'étage de 52o mètres. On a donc rencontré là, mais sur une échelle infiniment plus restreinte, un dégagement subit analogue à celui du 17 avril. Le renflement de la couche qui avait précédé le dégagement était produit par un accident géologique qu'on avait déjà rencontré au niveau de 52o mètres dans la veine de la Grande- Séreuse. On serait donc porté à chercher dans ce même dérangement des couches l'origine du dégagement bien autrement intense du 17 Mais d'après l'allure de cet accident, son inclinaison et la distance à laquelle il avait été recoupé aux niveaux supérieurs, il paraît probable qu'à moins d'une déviation considérable, le prolongement en avait dû être rencontré dans le bouveau de 610 mètres, bien avant d'atteindre la veine de l'Épuisoire, ainsi que les ingénieurs, du reste,

croient l'avoir constaté.