Annales des Mines (1879, série 7, volume 15) [Image 284]

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LA MÉTALLURGIE

grand dans une importante usine du Cleveland (nous y reviendrons dans un des chapitres suivants); mais à supposer que cet affinage

en une seule opération ne donne pas décidément les résultats qu'on annonce et qu'il faille revenir à la double opération recommandée par MM. Krupp et Bell, il nous paraît, qu'une fois réalisé un bon garnissage à, bases de chaux et de magnésie, la cornue Bessemer est le meilleur moyen de faire le mazéage ou l'épuration des fontes impures, pour les faire sortir liquides et propres à la fabrication de l'acier sur sole. La cornue Bessemer est, en effet, l'appareil le mieux disposé pour le brassage mécanique d'un bain de fonte avec tels réactifs qu'on voudra ajouter au laitier basique que donnerait le garnissage dont s'agit ; il nous paraît valoir mieux pour cela que la plupart des appareils rotatifs ou autres fours à puddler mécaniques. § V.

Divers modes d'essais des fers et aciers; leur classification.

Si jamais la métallurgie, la sidérurgie surtout, a pu se définir l'art de fabriquer des alliages métalliques, c'est aujourd'hui. 11 est, certain que, même aux temps déjà reculés de la fabrication exclusive au combustible végétal, il sortait des forges des produits de qualités les plus diverses sous le nom de fers doux; mais alors les usines étaient groupées par régions naturelles autour de gisements de minerais d'une nature déterminée et à peu près constante pour

un même groupe. Il pouvait bien y avoir, dans les usines d'une région, des nuances de qualités tenant à quelques nuances de composition et de richesse des minerais, ou bien à. quelques variantes dans les procédés de fabrication; mais le consommateur

savait à quoi s'en tenir sur la valeur des marques Bourgogne, Berry, Franche-Comté, etc. ; il n'avait pas besoin de longues épreuves pour définir la nature du produit qu'il achetait et les emplois auxquels il convenait.

Les forges au combustible minéral vinrent ensuite s'établir le plus souvent sur les gisements de combustible, à une époque de communications déjà plus faciles et permettant des approvisionnements plus variés de matières premières ; les procédés eux-mêmes comportaient des variantes plus nombreuses. La classification de qualités par les noms de groupes ou de régions devenait déjà moins

sûre; à part quelques rares usines, jalouses de conserver leur marque, et qui pour cela maintenaient soigneusement la constance

de leurs matières premières et de leurs formules de travail, la

A L'EXPOSITION DL 1878.

549 plupart des forges livraient au consommateur des produits qu'il ne pouvait plus accepter ou employer qu'après des essais chaque jour plus multipliés. Ce que nous disons là des fers proprement dits (barres simples ou profilées, tôles, fils) s'applique également aux fontes et aux aciers de forge, puddlés, cémentés ou fondus, dans une moindre mesure pourtant, du moins en ce qui concerne les aciers, qui supportaient moins que les autres produits la médiocrité dans le choix des matières premières. L'introduction des nouveaux procédés de fabrication des alliages fondus a bien autrement accru les difficultés de la classification des fers et aciers. Et d'abord, de ce qu'a l'origine ces procédés ont visé spécialement la production de l'acier fondu, on a pris l'habitude de qualifier d'aciers tous les produits fondus qu'ils ont donnés depuis dix ans. Or chacun sait que, parmi ces produits, il en est dont la composition et la plupart des propriétés rappellent les fers et nullement les aciers. En second lieu, la facilité que donne, notamment la fabrication sur sole, de varier les dosages et, par suite, la composition et les propriétés des alliages, crée au consommateur l'obligation de faire des vérifications sans fin sur la qualité et, bien souvent aussi, d'apprendre à modifier ses procédés dans l'emploi de métaux si divers, si difficiles à manier. C'est pour remédier à la confusion qui régnait sur le premier point qu'à l'Exposition de Philadelphie un comité international essaya de définir les fers et les aciers, soudés ou fondus; malgré des résistances qui s'expliquent mal, les décisions de ce comité seront, nous n'en doutons pas, peu à peu acceptées par tous, car elles sont rationnelles et simples, et tout le monde, producteurs et consommateurs, a intérêt à voir clair dans cette première question. A propos du second point, et pour ne parler d'abord que de la

qualité à froid des fers et des aciers, beaucoup d'industriels eussent désiré voir de même sortir de l'Exposition internationale de 1878 une classification uniforme qui pût remplacer les nombreuses classifications particulières qu'on observait d'un exposant à l'autre. On a récemment proposé de prendre comme éléments de classification

i° La résistance à la rupture, mesurée en kilogrammes par millimètre carré ; La réduction de section au point de rupture. Ces bases, en apparence plus simples, ne sont pas plus faciles à

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