Annales des Mines (1879, série 7, volume 15) [Image 282]

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LA MÉTALLURGIE

A L'EXPOSITION DE 1878.

Ils ont, à cet égard, continué les progrès déjà constatés par les Expositions antérieures à propos de procédés moins grandioses : dans la moulerie mécanique des tuyaux en fonte, dans le laminage des gros fers, en barres marchandes ou profilées, dans le laminage des rails, des tôles, etc. L'outillage de quelques-unes de ces dernières fabrications ne

Belgique, fût poussée plus loin et donna naissance à un double train, l'un de dégrossissage et l'autre de finissage. Chacun d'eux est commandé par une machine horizontale à deux cylindres couplés, sans volant, actionnant un même arbre de transmission, et pouvant, par une coulisse de changement de marche, renverser son mouvement à chaque passage de la barre, du lingot, dans le laminoir. Au train dégrossisseur, composé d'une seule cage, ot'i vitesse du train doit être réduite, l'arbre de la machine motrice porte un pignon commandant un engrenage calé sur l'axe du cy-

semble pas avoir notablement changé depuis l'Exposition de 1867;

quelques améliorations de détails seraient peut-être à signaler dans l'outillage de la moulerie et dans le laminage des fers marchands ou profilés ; mais c'est surtout dans les ateliers de gros fers profilés, de rails et de tôles, que le progrès s'est le plus accentué pendant les dix dernières années.

Et d'abord, sous le rapport des dimensions, Ce que l'on considérait en 1867 comme des tours de force : les tôles à grandes surfaces et surtout à grandes largeurs, les fers profilés à larges ailes, de hauteurs de 3o, Ito et même Su centimètres, sur longueurs de 15 à 20 mètres, les rails de plusieurs dizaines de mètres de longueur, tout cela est devenu, dans quelques usines, produits absolument courants et non plus seulement pour le fer, mais pour

l'acier ou le fer fondu. Il a fallu, pour en arriver là, refaire plus d'un ancien train, augmenter la puissance des moteurs, la vitesse des laminoirs, en même temps que leurs dimensions, mais il a fallu aussi améliorer encore le matériel de manutention des poids correspondant à ces accroissements de dimensions. Beaucoup d'usines

ont conservé les dispositifs connus depuis longtemps dans les forges : laminoirs trios ou duos à releveurs mécaniques, laminoirs à changement de marche, c'est-à-dire, à renversement de mouve-

ment sur les trains mêmes; elles ont simplement accru l'échelle de la construction en la complétant par des grues, chemins de fer aériens, etc., pour la manuvre mécanique des matières et même du matériel des trains; en adoptant, en outre, des dispositions d'ensemble permettant le transport, pour ainsi dire automatique, des produits sur les bancs de réception et de contrôle. C'est par l'ensemble de ces moyens qu'on est parvenu, en Europe et surtout en Amérique, aux productions considérables qu'a signalées au fur et à mesure la Presse industrielle. Une modification plus radicale a été apportée tout récemment à la construction des laminoirs à rails et des laminoirs à tôle; nous voulons parler du système dit reversible. Un ingénieur anglais, M. Bamsbottom, directeur de l'usine de Crewe, avait appliqué le principe de ce système, avant 1867, au dégrossissage des lingots d'acier ; mais l'idée, reprise par les ateliers Cockerill (Seraing) en

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lindre-laminoir inférieur. Même dispositif quand il s'agit d'un train de tôles. Mais, au train finisseur de rails, composé de deux cages, l'arbre même de la machine est sur l'axe des cylindres-laminoirs inférieurs qu'il conduit directement, faisant pour chaque passage un nombre de tours correspondant à la longueur de la barre. Les cylindres-finisseurs sont disposés de façon à lâcher la barre finie au niveau du sol elle court sur des galets mus mécaniquement,

jusqu'aux scies qui la découpent en rails de longueur voulue. Enfin, les deux trains, quand il s'agit de rails, sont disposés parallèlement et les produits du dégrossisseur vont, avec ou sans réchauffage, selon les dimensions des barres, au train finisseur.

Pour ne parler que de ce dernier train, le renversement du mouvement s'y fait instantanément à la fin de chaque passage, et sans choc, la machine s'arrêtant à contre-vapeur et les niasses en mouvement étant d'ailleurs très-peu considérables : la barre peut ainsi passer presque continûment dans un sens et dans l'autre, une fois le personnel, d'ailleurs peu nombreux, habitué au maniement

des appareils. En outre, la barre conservant sa chaleur, peut passer pour ainsi dire à toute longueur, si la machine est suffisamment alimentée de vapeur. On conçoit, d'après cela, que ce système se prête aux plus grandes productions journalières et au laminage des rails à double, à triple et quadruple longueur, selon la dimension du rail en fabrication. Les premières machines qu'a construites Seraing avaient la distribution par tiroirs, avec très-faible détente et des condenseurs puissants : il faut, en effet, avec ce mode d'action directe de la vapeur sur les laminoirs, que non-seulement on puisse disposer toujours d'une source abondante de vapeur, mais aussi que la condensation soit parfaitement assurée. Depuis, et dans le train finisseur qui figurait à l'Exposition, on a adopté pour la machine motrice une distribution à soupapes, munie d'un dispositif trèssimple pour le changement de marche, dispositif qui permet l'usage d'une détente beaucoup plus étendue. Cette modification