Annales des Mines (1877, série 7, volume 11) [Image 197]

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ÉLOGE D'ALEXANDRE BRONGNIART. 574 Notre confrère avait voulu faire ses adieux aux Pyrénées par cette excursion à Gavarnie qui s'était si mal terminée; la commission des poids et mesures le _rappelait à Paris. En même temps, par les soins de Coquebert de IVIonthret,

ÉLOGE D'ALEXANDRE BRONGNIART.

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toutes les branches de l'histoire de la nature, l'étude des animaux l'avait surtout occupé. Ses amis n'apprirent donc pas sans quelque surprise la nomination de Geoffroy SaintHilaire comme professeur de zoologie au jardin des plantes. Étienne Geoffroy, plus jeune que lui, était attaché à l'en-

qui devait plus tard lui donner un plus grand témoignage de son estime, il était attaché, à titre d'ingénieur, à l'agence des mines. Il visitait bientôt les montagnes de la Provence, les Alpes du Dauphiné, de la Savoie et de la Suisse, enrichissant ses collections, déjà fort appréciées, et multipliant des remarques qui devaient lui inspirer une découverte dont l'éclat et l'utilité, loin de s'affaiblir, augmentent avec les années. Il se trouvait désigné de la sorte, au moment de la création des écoles centrales, pour prendre place,

seignement de la minéralogie et rien n'annonçait à quel rang devait s'élever le futur promoteur de la philosophie anatomique. Leur affection réciproque n'en fut point troublée. Geoffroy m'en donnait lui-même, trente ans après, une preuve naïve. Embarqué pour l'expédition d'Égypte, il fut lancé par-dessus le bord par un accident de mer. Tombé dans les flots et me jugeant perdu, me disait Geoffroy, je m'écriai, près de m'évanouir, comme expression

comme professeur d'histoire naturelle, à l'école des Quatre-

d'une pensée de justice

Nation s .

au Muséum! »

« Brongniart sera donc professeur

Le grand nombre - d'observations qu'il avait recueillies

L'amitié des deux grands naturalistes, qu'un certain

autour de Paris et dans ses voyages, leur variété, leur 'précision, l'ordre et la méthode qu'il introduisait dans toutes les parties de son enseignement, dont personne

désaccord sur les doctrines ne troublait pas, s'était cimentée dans les réunions familières d'une société qui, pendant les années d'orage, avait remplacé l'Académie et consolé les jeunes savants, la Société philomathique, dont Alexandre Brongniart ne voulut jamais se séparer. C'est également là que s'établirent les premiers liens destinés à se transformer en une longue et étroite collaboration entre l'Aristote moderne, Georges Cuvier, et Alexandre Brongniart. Leurs caractères se convenaient ; leurs opinions scientifiques étaient les mêmes ; l'étendue de leur savoir embrassait la nature dans son ensemble ; tous les procédés de recherche leur étaient familiers. Préparés à diriger leur attention et leur volonté vers ur ,. grand objet, ils étaient Sûrs qu'en présence de faits bien coordonnés, leur imagination en apercevrait toutes les conséquences et que leur raison saurait se maintenir dans les limites du vrai. Ils entraient donc, libres d'esprit, dans l'étude de la formation de l'écorce du globe; ils n'avaient à faire prévaloir, ni l'un

mieux que lui n'a possédé le vaste ensemble, avaient produit, sur ses jeunes élèves, une impression profonde. Il a pu, jusqu'à la fin de sa vie, recueillir les plus touchants témoignages du souvenir qu'ils en avaient conservé. La classification des reptiles recevait alors une forme nouvelle d'une de ses inspirations. Le mémoire où il l'exposa plus tard révèle l'instinct sûr des principes de la méthode naturelle et le sentiment profond des rapports de structure qui

unissent les êtres d'un même groupe. Fondée, pour

le

savant, sur l'anatomie et la physiologie, sa division se traduisait, pour le vulgaire, par une nomenclature rappelant avec bonheur les types populaires des quatre ordres : les chéloniens ou tortues ; les sauriens ou lézards; les ophidiens ou serpents ; les batraciens ; tous ces noms sont restés. Alexandre Brongniart était, dès cette époque, un savant bien connu, et, quoiqu'il eût poursuivi des recherches dans

TOME XI, 1877.