Annales des Mines (1877, série 7, volume 11) [Image 37]

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M. DE FRANQUEVILLE.

BIOGRAPHIE.

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Nous venons de

gués; on en préparait les copies (il y avait un très-grand

dire que M. de Franqueville pouvait aborder toutes les

nombre de pièces annexes), lorsqu'une vive et subite émotion s'empara de la Belgique. On vit dans cette affaire pu-

Règlement de l'affaire franco-belge.

questions. 11 fut, dans cette même année 1869, chargé d'une véritable mission diplomatique. Il s'agissait de régler le

conflit qui s'était élevé entre la Belgique et la France, au sujet de la cession d'un chemin de fer belge à une compagnie française. Il a été dit sur cette affaire, les choses les plus extraordinaires ; nous tâcherons de rappeler sommairemen les faits. La compagnie des chemins de fer de l'Est avait, depuis près de dix ans, l'exploitation d'un réseau luxembourgeois et belge qui, partant de notre ancienne frontière vers Thionville, aboutissait à Spa et à Pepinster, entre Liège et Verviers ; elle était donc en relation directe et journalière avec plusieurs chemins de fer belges. En 1868, deux sociétés, l'une, la société générale d'exploitation des chemins de fer de l'État néerlandais ; l'autre,

la grande compagnie du Luxembourg belge, qui étaient toutes deux dans une situation financière fort précaire, demandèrent à la compagnie de l'Est de prendre à bail, la première une ligne allant de Liège en Hollande, la seconde tout son réseau comprenant la ligne de Bruxelles à Arlon, et un embranchement sur Liège'. La société Néerlandaise accordait à la compagnie de l'Est le droit de conduire ses trains jusqu'à Amsterdam et à Rotterdam. Après une longue étude, ces propositions furent accueillies par la compagnie de l'Est ; niais, avant d'être converties en traités, elles devaient être soumises au ministre des

travaux publics et au directeur général des chemins de fer. Celui qui écrit ces lignes fut chargé de cette communication. Il s'agissait d'assurer au réseau de l'Est, sur 5oo à 600 kilomètres, le transit qui s'échange entre les ports de la mer du Nord et la Suisse ; l'administration des travaux publics donna à cette combinaison le plus complet assentiment. Les négociations furent reprises et les traités si-

rement commerciale une véritable tentative d'annexion faite par le Gouvernement français. L'arrivée à Bruxelles et à Anvers de modestes agents appartenant à une compagnie française fut signalée comme un danger public ; il y avait, depuis de longues années, des employés des compagnies du Nord et de l'Est, mais on ne raisonnait plus. On fit une loi de salut public contre les compagnies de chemins de fer et l'incident. franco -belge devint une question internationale de premier ordre. Après de longs pourparlers, le règlement de cette affaire fut confié à une commission nommée par les deux gouvernements.

Les commissaires belges étaient MM. Fassiaux, directeur général des postes, chemins de fer et télégraphes Van der Sweep, inspecteur général des chemins de fer, Et Belpaire, ingénieur en chef, directeur de la traction et du matériel. Les commissaires français MM. Cornuclet, président de section au Conseil d'État; De Franqueville, directeur général des ponts et chaussées et des chemins de fer; Combes, inspecteur général des mines.

Les réunions eurent lieu à Paris dans le cabinet de M. de Franqueville. On dit que le langage diplomatique comporte des réticences, des sous-entendus, cela est possible. En tout cas, M. de Franqueville ne s'en préoccupa guère. Dès la première séance, il prit véritablement la direction des débats, et la netteté de ses explications, la franchise de ses déclarations firent sur ses honorables contradicteurs, nous le tenons d'eux-mêmes, la meilleure impression. Après plusieurs séances employées à dissiper