Annales des Mines (1877, série 7, volume 11) [Image 36]

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M. DE FRANQUEVILLE.

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BIOGRAPHIE.

supprimées, ni même atténuées dans une mesure suffi« samment utile par la création de réservoirs artificiels (5) qui arrêteraient dans les régions supérieures du bassin une partie du volume des eaux. Le système d'endiguement général prétendu insubmersible, présente de graves inconvénients et ne saurait donner, en aucun cas, une garantie complète de sécurité (55). On peut, àl'aide de défenses directes et locales, mettre les grands territoires submersibles , et avant tout les « villes et les principaux centres de population établis dans les vallées, à l'abri des ravages auxquels les crues les exposent aujourd'hui. » Ces conclusions prudentes furent adoptées par le Gouvernement et par les Chambres, et un crédit de 5o millions fut mis à la disposition des ingénieurs pour préserver 56 villes des inondations. La loi du 2 8 mai 1858 a reçu la plus large et la plus heureuse exécution : le nombre des villes protégées a été porté à 5o sans dépasser la limite des crédits fixés ; parmi ces villes, il faut citer Lyon, Givors, Avignon , Beaucaire , Tarascon, Arles, (C

Grenoble, Annonay ; Saint-Étienne, Nevers, Moulins, Vichy, Blois, Amboise, Tours, Angers Périgueux, Condom, Aiguillon, Agen ; Troyes.

Sur la Garonne, l'administration avait projeté Lexécu(*) La dépense à faire pour la création d'un premier groupe de réservoirs était évaluée à /Loo millions. (*)Tous les ingénieurs -connaisssent les levées de la Loire, dont le plus grand nombre paraît dater des xi° et xue siècles; leur couronnement, fixé à 5 mètres au-dessus de l'étiage, atteint aujourd'hui S mètres, non compris une banquette supplémentaire de mètre établie à la suite de la crue de inti; elles sont aujourd'hui insuffisantes sur plusieurs points.

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tion de travaux pour la protection du faubourg SaintCyprien ; la ville de Toulouse ne crut pas devoir s'associer à l'exécution de cette entreprise ; elle a dû le regretter amèrement en

1875.

Tous les travaux dont nous venons de parler étaient à peu près achevés, lorsque survint la crue de 1866 qui n'a causé aucun dommage aux villes protégées par les nouveaux ouvrages. Le système de défense adopté par le conseil général des

ponts et chaussées doit donc être admis avec reconnaissance par le pays, et un progrès considérable a été réalisé. Sans doute, on ne supprimera pas les inondations; mais si l'on protège les villes d'une manière complète, si les anciennes digues sont bien défendues, si partout ailleurs on laisse l'eau monter lentement. en se contentant de garantir les plaines riveraines contre les crues ordinaires qui sont les plus fréquentes et en définitive les plus dommageables, on aura, dans la lutte contre les inondations, atteint la limite du possible. Conseil supérieur du commerce, de l'agriculture et de

- En

M. de Franqueville fut nommé membre du conseil supérieur du commerce, de l'agriculture et de l'industrie. Jusqu'à sa mort il prit une part active aux délibérations de cette assemblée. On peut deviner 1869,

la modération de ses idées en matière d'économie politique :

ni libre échange absolu, ni protection absolue. On devait, selon lui, étudier de la manière la plus complète la situation de chaque industrie, se rendre compte des ressources que lui offrait le pays au point de vue des matières premières et des débouchés, puis établir les droits de douane de façon à permettre la concurrence sans donner à l'industrie étrangère les moyens d'anéantir une industrie nationale. L'étude approfondie avant toutes choses, puis la modération dans la pratique ; avec un pareil programme, on peut aborder toutes les questions.