Annales des Mines (1877, série 7, volume 11) [Image 23]

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BIOGRAPHIE.

M. DE FEANQUEVILLE.

les idées et dans les actes ; il songea à quitter l'administration des travaux publics et à demander la place d'ingénieur en chef du département de la Seine. Le .respectable M. Boulage, alors secrétaire général, le

l'indispensable nécessité du retour apparaît; il faut ramener en voiture, de Venise à Paris, un frère gravement ma-

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conjura d'abandonner ce dessein ; il lui représenta combien

ses fonctions lui convenaient, et combien plus encore il convenait à l'administration ; il lui parla des services qu'il rendrait à son pays en restant à son poste. Le retour de M. Magne (21 juillet 1852), d'un ministre qui avait été à deux reprises déjà aux travaux publics, et dont on avait pu apprécier la haute valeur, permettait d'espérer .un peu de stabilité. M. de Franqueville se rendit aux raisons qu'inspiraient à M. Boulage la cordialité d'abord, et ensuite un véritable souci du bien du pays, et il ne fut plus question du service du département de la Seine. Un voyage à Marseille, quelques jours passés auprès de son ami Montricher, achevèrent de remettre M. de Franqueville, et, à la fin de 1852, il reprit son travail avec ardeur. En parcourant la nombreuse correspondance échangée à cette époque entre M. de Franqueville et ses amis, on est frappé des difficultés de toute sorte que le défaut de moyens de communications rapides apportait dans les événements ordinaires de la vie. On s'est si vite habitué aux chemins

de fer et au télégraphe, que l'on oublie ce qui se passait lorsque l'on était privé de ces deux puissants serviteurs de l'homme. Le frère aîné de M. de Franqueville était tombé si gravement malade à Venise, que 111n" de Franqueville mère dut se rendre dans cette ville et y appeler son second fils, pour effectuer le transport du malade à Paris. Les lettres succédèrent aux lettres; il fallait attendre quinze jours pour avoir une première réponse. Que s'est-il passé pendant ces quinze jours ? Comment sa mère a-t-elle fait seule son voyage de Marseille à Gênes ? M. de Franqueville pose avec anxiété ces questions dans sa correspondance; puis

lade. A lire c-es lettres, on sent combien M. de Franqueville

souffrait de cette incertitude et de ces obstacles créés par la distance et le temps. Au commencement de l'année 1853, la famille de M. de Franqueville reçut un honneur auquel elle fut extrêmement sensible. Le buste de Beautemps-Beaupré fut placé avec une grande solennité dans la galerie principale du dépôt de la marine. Le ministre de la marine et les principaux fonctionnaires du département assistèrent à cette cérémonie. On rappela les immenses et consciencieux travaux de Beautemps-Beaupré, les conseils qu'il avait donnés à plusieurs générations d'ingénieurs, son dévouement au devoir, sa rigide probité. En entendant ces hommages si justement rendus à l'homme qui avait soutenu sa jeunesse, M. de Franqueville fut profondément ému; il ignorait qu'il

mériterait un jour lui-même les honneurs rendus à son grand-oncle.

Direction des ponts et chaussées. - Le ministère des travaux publics reçut enfin une organisation plus en rapport avec l'importance qu'il prenait chaque jour. Le 15 novembre 1855, M. le comte Dubois était nommé directeur géné-

ral des chemins de fer, M. de Boureuille directeur des mines, et M. de Franqueville directeur des ponts et chaussées.

Ce dernier service comprenait Les routes et les ponts, La navigation et les ports, Le service hydraulique.

11 donnait en outre au directeur le droit de siéger au conseil général des ponts et chaussées.

M. de Franqueville attachait un très-haut prix à cette distinction. Quelques amis regrettaient qu'une direction