Annales des Mines (1875, série 7, volume 8) [Image 326]

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REVUE DE GÉOLOGIE. 648 sont intercalées au milieu de couches qui n'ont subi aucun dérangement. Enfin les dépôts coquilliers présentent un mélange de formes celtiques, lusitaniennes, boréales et arctiques. La théorie marine, étant incapable de rendre compte de toutes ces apparences, doit être abandonnée. La seule doctrine qui, suivant M. Go o dc hil cl , s'adapte à l'explication des faits observés est la suivante : Une masse de glace en mouvement est généralement remplie de fragments de roches, plus ou moins enfoncés dans son épaisseur. Or le mouvement d'une telle masse de glace est loin d'être le même dans toutes ses parties et le sens suivant

lequel se meuvent ses couches inférieures peut être complètement différent de celui du mouvement des couches supérieures, car il est influencé par la forme du fond et par les obstacles qui s'y rencontrent. De là, dans les différentes parties d'une même masse de glace, des courants qui peuvent se croiser dans tous les sens. Les

matériaux qui se trouvent au point d'intersection de deux courants opposés sont soumis à l'action d'une résultante qui peut être dirigée de bas en haut. Par suite, des blocs originairement contenus dans la glace peuvent se trouver transportés à de grandes hauteurs sans avoir subi des pressions considérables. Déjà, du reste, les observations de J. D. Fo r b es et celles de M. G eiki e ont montré que la glace tend sans cesse à rejeter au dehors, et non sur son fond, les Matières étrangères qu'elle contient. Cela posé, au début de la période glaciaire, quand les différents glaciers n'étaient pas encore réunis en une seule nappe, leurs extrémités poussaient devant elles le fond sableux de la mer et devaient ainsi produire un mélange entre les faunes qui avaient successivement habité les rivages. Une fois la nappe glaciaire formée, les dépôts sableux avec coquilles Mélangées se sont trouvés pris dans son intérieur. Rejetés ensuite au dehors avec toutes sortes de matériaux suivant la marche qui vient d'être décrite, ils ont formé, à diverses hauteurs, les dépôts confus qu'on observe aujourd'hui. Les courants d'eau qui circulaient sous le corps même de la glace dans les cavités du terrain sous-jacent, ont déterminé, par places, la stratification d'une partie des matériaux tombés au fond. Lorsque les couches ainsi formées ont é,té soumises, avant leur consolidation, à des pressions verticales trop énergiques de la part de la glace, il a pu en résulter des plissements et des contournements

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locaux. En résumé, les coquilles des dépôts glaciaires auraient bien été, comme l'indiquait M. Bel t, menées à toutes les hauteurs par l'action de la glace, sans qu'il y ait eu de changements dans l'alti-

TERRAINS.

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tuée des continents. Mais au lieu d'une pression énergique par la tète de la nappe glaciaire contre d'anciens dépôts exercée marins, ce serait cette nappe elle-même qui, en vertu des courants contrariés auxquels sa masse était assujettie, aurait rejeté au dehors tous les matériaux solides contenus dans l'intérieur.

La théorie de M. Go odchild a été combattue par M. Mackintosh (i), qui persiste à admettre un grand affaissement à l'époque glaciaire. Contre l'hypothèse d'une calotte du sol

chargée de blocs de toutes dimensions, l'auteur invoque laglaciaire pureté constatée de toutes les masses de glace actuellement connues et il cite it l'appui de ses assertions les observations de M. Wy ville Thom s on. M. D a rdm an (2) n'accepte pas l'origine exclusivement glaciaire attribuée par M. Go o d chi ld au diluvium irlandais. L'auteur établit que cette formation peut être divisée, au point de vue lithologique, en till ou argile à blocaux, et sables ou graviers stratifiés avec terre à briques. Le till contient surtout des fragments empruntés aux roches voisines, tandis que les graviers sont très-riches en éléments

venus de loin. Dans la région de Derry, d'Antrim et de Tyrone, la craie, du reste très-dure, recouverte presque uniformément par une nappe de basalte est

le

sill s'y montre dépourvu de fragments de craie et de silex, tandis que ces derniers abondent dans les graviers. Si donc il est facile

d'admettre que le tiU s'est formé sous l'action d'une calotte de glace qui recouvrait tout le pays, il faut invoquer, pour les sables et graviers, une toute autre origine. L'auteur pense qu'après la

fusion de la glace, l'action de la mer est entrée en jeu et qu'en

attaquant des falaises de craie surmontées par le basalte, elle faire ce que la glace était impuissante à effectuer, en raison a pu de la couche protectrice qui s'étendait entre elle et la craie.

hm DE MAL-- D'après M. Bir cls (3), on peut distinguer trois étages dans les formations post tertiaires de l'île de Man. L'étage

supérieur est un boulder dey formé presque exclusivement de roches de la contrée, anguleuses ou faiblement roulées, avec quelques lits de sable et de gravier; au-dessous viennent des sables et graviers stratifiés, avec nombreux cailloux roulés de roches étrangères, provenant d'Angleterre, d'Écosse et d'Irlande. (t) Geol. Society, 23 juin 1875. Geol. Mag., 1875, 172. Geol. Mag., 1875, 80.